Première règle des programmes d’immunité et de clémence : réduire le préjudice

  • 21 aoĂ»t 2018

La Section du droit de la concurrence est ravie de constater que plusieurs des recommandations qu’elle a formulĂ©es dans son mĂ©moire du mois de janvier (en anglais seulement) sur les modifications proposĂ©es aux programmes d’immunitĂ© et de clĂ©mence du Bureau de la concurrence ont Ă©tĂ© prises en compte. Toutefois, de nombreuses propositions restantes intègrent un type d’incertitude susceptible de porter entrave aux dĂ©clarations spontanĂ©es.

[TRADUCTION] « L’un des principes directeurs des programmes d’immunitĂ© et de clĂ©mence est que toute partie ayant fait preuve de coopĂ©ration ne soit pas exposĂ©e Ă  de plus lourdes consĂ©quences parce qu’elle dĂ©cide de se dĂ©clarer de façon spontanĂ©e au Bureau », affirme la section dans un mĂ©moire (en anglais seulement) prĂ©sentĂ© lors de la deuxième ronde de consultations. [traduction] « NĂ©anmoins, l’effet cumulatif des modifications proposĂ©es crĂ©e de nouveaux risques et expositions pour les parties qui dĂ©cident de solliciter l’immunitĂ© et la clĂ©mence ». De plus, elle pourrait « encourager des demandeurs potentiels Ă  passer outre le Canada, compte tenu des fardeaux et des incertitudes » que cela suppose.

La section recommande au gouvernement de retirer certaines modifications qui sèment la controverse, y compris l’enregistrement des accords d’immunitĂ© conditionnelle des juristes, l’ajournement de l’enregistrement des entretiens avec les tĂ©moins Ă  un moment ultĂ©rieur dans le processus et l’inclusion d’assurances supplĂ©mentaires relativement au caractère exĂ©cutoire de l’octroi d’immunitĂ© intĂ©rimaire.

Cependant, cette ronde de rĂ©visions plus rĂ©cente comprend de nouveaux fardeaux sur les possibles demandeurs d’immunitĂ© et de clĂ©mence, met un accent important sur le spectre de la rĂ©vocation de l’immunitĂ© et de la clĂ©mence, et donne Ă  penser que des mesures draconiennes pourraient ĂŞtre imposĂ©es aux parties dont l’immunitĂ© a Ă©tĂ© rĂ©voquĂ©e (y compris l’utilisation de la preuve des demandeurs d’immunitĂ© contre eux-mĂŞmes), estime la section.

La section craint Ă©galement que cet aspect entraĂ®ne pour les demandeurs d’immunitĂ© et de clĂ©mence un inconvĂ©nient distinct par rapport aux parties qui ne coopèrent pas, crĂ©ant ainsi des facteurs de dissuasion Ă  l’Ă©gard des dĂ©clarations spontanĂ©es, ce qui minerait l’efficacitĂ© globale des programmes.

Le Bureau agit de façon autoritaire en Ă©mettant des avis rĂ©pĂ©tĂ©s sur la rĂ©vocation potentielle du statut d’immunitĂ©, particulièrement si l’on considère la raretĂ© Ă  laquelle se prĂ©sentent de tels cas, dĂ©clare la section. En outre, certaines nouveautĂ©s dans les types de comportements pouvant mener Ă  une rĂ©vocation sont hautement subjectives et ne correspondent pas au type de conduite cernĂ© dans le guide du SPPC sur les poursuites.

L’une des modifications proposĂ©es qui s’avèrent particulièrement troublantes suggère que les renseignements qu’ont prĂ©sentĂ©s comme preuve les gens dont l’immunitĂ© a Ă©tĂ© rĂ©voquĂ©e puissent ĂŞtre utilisĂ©s contre eux et que tout privilège liĂ© Ă  ces informations soit rĂ©putĂ© avoir fait l’objet d’une renonciation.

[TRADUCTION] « Selon nous, cette suggestion est profondĂ©ment injuste et punitive, en plus d’aller Ă  l’encontre de la jurisprudence existante », soutient la section. « Le droit au Canada stipule clairement que le privilège Ă  l’Ă©gard du règlement s’applique aux nĂ©gociations de plaidoyers avec le DPP, mĂŞme si celles-ci ne sont pas couronnĂ©es de succès. »

La section conteste un certain nombre de modifications, notamment les suivantes :

  • L’exigence de fournir des Ă©lĂ©ments de preuve « crĂ©dibles et fiables » pour obtenir l’immunitĂ© ou la clĂ©mence, ce qui introduit un nouvel Ă©lĂ©ment d’imprĂ©visibilitĂ© qui nuit au fonctionnement des programmes.
  • Les ambiguĂŻtĂ©s liĂ©es Ă  l’introduction du concept de rĂ©cidive.
  • Des prĂ©occupations persistantes en ce qui a trait Ă  l’enregistrement des entretiens avec les tĂ©moins.
  • L’obligation du demandeur de prendre toutes les « mesures licites » pour assurer la coopĂ©ration des tĂ©moins.
  • Le fardeau qui pèse sur le demandeur en vertu du protocole d’examen des revendications de privilège.
  • Une nouvelle exigence proposĂ©e voulant que les demandeurs de clĂ©mence doivent donner leur consentement Ă  une ordonnance d’interdiction.

[TRADUCTION] « Nous encourageons le Bureau Ă  rĂ©examiner certaines des rĂ©visions proposĂ©es aux programmes d’immunitĂ© et de clĂ©mence, puisque, de la façon dont elles sont actuellement proposĂ©es, ces mesures sapent l’objectif d’efficacitĂ© des procĂ©dures pĂ©nales au Canada. »

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