Le prix de la justice

  • 29 mars 2016

Combien coĂ»te la justice? L’ABC se garde bien d’avancer un chiffre. Cependant, elle recommande Ă  la commission chargĂ©e de calculer la rĂ©munĂ©ration appropriĂ©e des juges et protonotaires fĂ©dĂ©raux d’adopter un certain nombre de principes.

Dans son mĂ©moire adressĂ© Ă  la cinquième Commission quadriennale d’examen de la rĂ©munĂ©ration des juges, soulignant son engagement de longue date envers une magistrature indĂ©pendante, l’ABC affirme :

La magistrature doit ĂŞtre indĂ©pendante des autres pouvoirs de l’État et d’influences externes quelconques, non seulement en rĂ©alitĂ©, mais aussi en apparence. Il faut pour cela que les pouvoirs exĂ©cutif, lĂ©gislatif et judiciaire restent distincts. La façon dont le traitement et les avantages sociaux des juges sont fixĂ©s doit respecter ce principe : cette tâche doit ĂŞtre assurĂ©e par une commission indĂ©pendante et objective n’ayant de comptes Ă  rendre Ă  personne.

Selon le ComitĂ© de l’ABC sur les questions de rĂ©munĂ©ration des juges, la sĂ©curitĂ© financière est une composante essentielle de l’indĂ©pendance de la magistrature, Ă  l’instar de l’inamovibilitĂ© et de l’indĂ©pendance administrative. Il ajoute cependant que : « le but n’est pas de procurer au juge une situation financière Ă©quivalente Ă  celle qu’il avait avant sa nomination. Il s’agit plus exactement de veiller Ă  ce qu’il ne subisse pas un recul trop marquĂ© ».

La rĂ©munĂ©ration doit nĂ©anmoins ĂŞtre suffisante pour attirer et retenir les meilleurs candidats et correspondre Ă  la position occupĂ©e par le juge dans la sociĂ©tĂ©, reflĂ©tant le respect accordĂ© aux tribunaux. La rĂ©munĂ©ration accordĂ©e aux juristes de niveau supĂ©rieur du secteur privĂ© et aux cadres supĂ©rieurs du secteur public, parmi lesquels les juges sont en gĂ©nĂ©ral choisis, constitue l’Ă©chelle de rĂ©fĂ©rence appropriĂ©e.

Selon le comitĂ© de l’ABC, les principes utilisĂ©s pour dĂ©terminer la rĂ©munĂ©ration des juges devraient ĂŞtre utilisĂ©s pour fixer celles des protonotaires, qui sont maintenant couverts par le mandat de la Commission quadriennale. Leur rĂ©munĂ©ration devrait toutefois se trouver Ă  un niveau subordonnĂ© Ă  celui des juges de la Cour fĂ©dĂ©rale.

Une partie du mĂ©moire retrace l’historique de l’article 26 de la Loi sur les juges qui prĂ©voit le processus suivi par la Commission, et du piètre rendement des gouvernements successifs quant au calendrier prescrit par la Loi. En effet, quatre commissions quadriennales ont Ă©tĂ© convoquĂ©es, dont seulement une, celle de 2012, dans les dĂ©lais prescrits. La Commission de 2016 a commencĂ© ses travaux en janvier 2016 au lieu d’octobre 2015, son retard ayant Ă©tĂ© causĂ© par l’Ă©lection fĂ©dĂ©rale de l’automne.

Par consĂ©quent, le comitĂ© dĂ©clare : « Nous incitons la Commission Ă  rappeler au gouvernement qu’il doit donner suite au rapport de la Commission conformĂ©ment au paragraphe 26(7) de la Loi sur les juges, c’est-Ă -dire dans les quatre mois après l’avoir reçu. Les retards jetteront un doute sur l’importance que le gouvernement attache Ă  la rĂ©munĂ©ration des juges et des protonotaires, Ă  l’indĂ©pendance des juges et Ă  la primautĂ© du droit ».

La prĂ©sidente de l’ABC, Janet Fuhrer, et le vice-prĂ©sident du ComitĂ© sur les questions de rĂ©munĂ©ration des juges, Hugh Wright, prĂ©senteront le mĂ©moire Ă  la Commission le 29 avril 2016. 

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