Créer un cadre juridique uniforme pour la filiation des enfants des familles non traditionnelles

  • 22 mars 2023

La lĂ©gislation actuelle portant sur la filiation et les conventions internationales sur la gestation pour autrui pourrait ĂŞtre plus claire et plus prĂ©visible, en particulier en ce qui concerne les familles des communautĂ©s 2ELGBTQI+. C’est l’essentiel d’une lettre de la Section du droit de la famille, de la Section de la communautĂ© sur l’orientation et l’identitĂ© sexuelles, de la Section du droit de l’immigration, de la Section sur le droit des enfants, de la Section sur le droit constitutionnel et les droits de la personne, de la Section du droit international et de la Section du droit de la santĂ© de l’Association du Barreau canadien, qui commentaient (en anglais seulement; les citations qui en sont tirĂ©es sont des traductions) le rapport final du Groupe d’experts de la ConfĂ©rence de La Haye sur le projet Filiation / Gestation pour autrui.

Les sections recommandent que le Canada accepte la proposition du Groupe d’experts d’Ă©tablir un groupe de travail pour « Ă©tudier les dispositions possibles d’une convention […] et d’un protocole sur la filiation » et « Ă©clairer les considĂ©rations et dĂ©cisions politiques concernant […] tout nouvel instrument ». Le but de l’exercice serait « d’amĂ©liorer la prĂ©visibilitĂ©, la sĂ©curitĂ© et la continuitĂ© de la filiation en situation internationale pour toutes les personnes concernĂ©es, en tenant compte de leurs droits de la personne », ce qui permettrait d’amĂ©liorer du mĂŞme coup la prĂ©visibilitĂ© et la cohĂ©rence du droit canadien en la matière.

Au Canada, la filiation est de compĂ©tence provinciale. La plupart des provinces et des territoires traitent de la question dans les cas de procrĂ©ation mĂ©dicalement assistĂ©e, gĂ©nĂ©ralement en accordant plus de poids Ă  la dĂ©signation des parents par les parties qu’au lien gĂ©nĂ©tique. « Un instrument de droit international aurait toutefois l’avantage de guider l’ensemble des lois provinciales et territoriales sur la question de filiation et crĂ©erait ainsi un environnement juridique plus uniforme », peut-on lire dans la lettre de l’ABC.

Cet aspect est particulièrement important pour les membres des communautĂ©s 2ELGBTQI+, « car les questions qui s’imposent aux parents queers et transgenres ne sont pas toujours de simples questions de biologie ou d’adoption ». Les sections de l’ABC soulignent que les familles prĂ©sentant une structure parentale non traditionnelle, comme les familles polyamoureuses, sont de plus en plus courantes au pays.

Rappelant que le Canada est Ă  l’avant-garde de la protection de la filiation des enfants Ă©levĂ©s dans des structures familiales non traditionnelles, l’ABC fait valoir qu’une certitude juridique accrue « aiderait les populations vulnĂ©rables et marginalisĂ©es Ă  dĂ©terminer ce qui est nĂ©cessaire pour s’assurer que les personnes dĂ©signĂ©es comme parents sont reconnues comme telles, et contribuerait Ă©galement Ă  rĂ©duire la discrimination fondĂ©e sur le sexe ou l’orientation sexuelle ».

Pertinence pour l’immigration

Le Canada adopte gĂ©nĂ©ralement le principe de la citoyennetĂ© acquise par filiation pour les personnes nĂ©es d’un parent de citoyennetĂ© canadienne. Le problème est que le terme « parent » n’est dĂ©fini nulle part dans la Loi sur la citoyennetĂ©. La question de savoir si un parent doit ou non faire la preuve d’un lien biologique ou gĂ©nĂ©tique avec l’enfant, et quel poids accorder Ă  l’intention de jouer le rĂ´le de parent, a fait l’objet de diverses interprĂ©tations et dĂ©cisions de justice.

L’Ă©laboration d’une convention et d’un protocole, conclut la lettre de l’ABC, « devrait offrir une plus grande prĂ©visibilitĂ© et une plus grande certitude concernant les règles encadrant la “filiation” et, espĂ©rons-le, conduire Ă  une clarification de la lĂ©gislation ».