Les principes de déontologie pour les juges devraient constituer un code de conduite

  • 26 fĂ©vrier 2020

C’est du domaine des directives que devrait relever un recueil de principes dĂ©ontologiques Ă  l’intention des juges, pas de celui des souhaits, affirment le Sous-comitĂ© des questions judiciaires et le Sous-comitĂ© de dĂ©ontologie et de responsabilitĂ© professionnelle de l’ABC après avoir Ă©tudiĂ© les Principes de dĂ©ontologie judiciaire mis Ă  jour par le Conseil canadien de la magistrature (CCM).

Dans une lettre adressée au CCM (rédigée uniquement en anglais), les deux comités ont fait un certain nombre de recommandations de modification des principes proposés, à commencer par la raison même de cette révision.

Alors que le document indique, dans son introduction : « Les Principes de dĂ©ontologie ne constituent donc pas un code de conduite prohibant certains comportements ou imposant des obligations minimales aux juges », les comitĂ©s disent que c’est exactement ce qu’ils devraient ĂŞtre. [TRADUCTION] « Les Principes de dĂ©ontologie judiciaire devraient ĂŞtre un code de dĂ©ontologie rĂ©digĂ© dans un langage clair, cohĂ©rent et directif pour donner aux juges des indications concrètes et amĂ©liorer la comprĂ©hension et la confiance du public Ă  l’Ă©gard de la dĂ©ontologie judiciaire ».

Dans le mĂŞme ordre d’idĂ©es, les comitĂ©s disent que tout libellĂ© relevant du souhait concernant le comportement des juges devrait ĂŞtre Ă©liminĂ© des principes.

[TRADUCTION] « Nombreux sont les principes Ă©noncĂ©s dans les Principes de dĂ©ontologie judiciaire qui reflètent des exigences juridiques fondamentales en matière de dĂ©ontologie judiciaire et qui ne devraient pas ĂŞtre confondus avec des souhaits ou des comportements exemplaires excĂ©dant les normes. »

Les comitĂ©s sont notamment ravis de constater que le document offre une assistance aux juges quant Ă  l’utilisation des mĂ©dias sociaux et leur recommande d’acquĂ©rir un certain degrĂ© de maĂ®trise de la technologie; Ă©nonçant Ă©galement que la responsabilitĂ© qui incombe aux juges d’assister Ă  des programmes de perfectionnement professionnel continu devrait inclure une formation sur les enjeux relatifs au contexte social.

Un grand nombre des commentaires des comitĂ©s au sujet du document sont liĂ©s Ă  la partialitĂ© et Ă  la responsabilitĂ© incombant aux juges d’agir de manière appropriĂ©e afin de gĂ©rer les perceptions de partialitĂ© les concernant.

Les Principes de dĂ©ontologie judiciaire rĂ©visĂ©s mettent les juges en garde contre une Ă©ventuelle participation aux travaux de conseils d’administration d’organisations civiques, religieuses ou caritatives, quelle que soit la fonction qu’ils pourraient y occuper, car cela risque de crĂ©er une perception de conflit d'intĂ©rĂŞts. Ils Ă©noncent aussi que les juges qui ont participĂ© Ă  des confĂ©rences de règlement ou Ă  des mĂ©diations judiciaires ne devraient participer Ă  aucun procès portant sur les questions soulevĂ©es dans le cadre de ces procĂ©dures.

Selon les Principes de dĂ©ontologie judiciaire, les juges qui ont exercĂ© le droit au service du gouvernement ou ont rendu des services d’aide juridique ne devraient pas entendre les litiges traitĂ©s par le bureau local dans lequel ils exerçaient au moment de l’ouverture du dossier. Cependant, les comitĂ©s font remarquer que ce libellĂ© est trop restrictif, et mĂŞme impossible Ă  mettre en pratique dans les communautĂ©s de petite taille. Ils recommandent de modifier le libellĂ© de la manière suivante : [TRADUCTION] « Les juges qui pratiquaient le droit au sein de la fonction publique ou Ă  l’aide juridique ne devraient entendre aucun litige portant sur un dossier sur lequel ils ont travaillĂ© directement en qualitĂ© d’avocat ou avocate au dossier ou en toute autre qualitĂ© qui pourrait susciter une impression raisonnable de partialitĂ© ».

Cependant, il existe une autre question qui, elle, concerne les juges qui ont quittĂ© la magistrature : Devraient-ils ĂŞtre autorisĂ©s Ă  comparaĂ®tre pour reprĂ©senter une partie? Non, disent les Principes de dĂ©ontologie judiciaire, sauf si le juge a quittĂ© la magistrature très peu de temps après sa nomination.

Les comitĂ©s sont convaincus qu’en revanche il pourrait exister d’autres exceptions et recommandent que les Principes de dĂ©ontologie judiciaire reconnaissent d’autres domaines dans lesquels il ne serait pas inappropriĂ© pour un ancien juge de comparaĂ®tre. [TRADUCTION] « Les barreaux de chaque province et territoire sont bien placĂ©s pour Ă©laborer des règles applicables au retour des anciens juges Ă  l’exercice du droit, y compris Ă  leur comparution pour reprĂ©senter des parties devant les tribunaux ou dans des instances de nature administrative ou dans des procĂ©dures de règlement des diffĂ©rends », affirment les comitĂ©s.