Trouver l’adéquation parfaite : mon expérience du Programme international des jeunes juristes

  • 13 fĂ©vrier 2020

Ma participation au Programme international des jeunes juristes (PIJJ) a commencĂ© il y a Ă  peine plus d’un an lorsqu’une amie (et elle aussi maintenant stagiaire du PIJJ - je te suis vraiment reconnaissante, Katie) m’a envoyĂ© un message Facebook qui contenait un lien vers la page Web du programme. Je n’avais jamais entendu parler de cette possibilitĂ© auparavant et ce qui au moment m’a semblĂ© sans grandes consĂ©quences est devenu très important.

Chaque annĂ©e, le PIJJ donne aux juristes et aux diplĂ´mĂ©s en droit la possibilitĂ© de voyager de par le monde et de faire des stages dans des organisations vouĂ©es Ă  la promotion des droits de la personne, de la primautĂ© du droit, de la protection de l’environnement et de l’accès Ă  la justice. Le projet est gĂ©rĂ© par l’Ă©quipe d’Initiatives internationales de l’ABC et financĂ© par Affaires mondiales Canada.

J’ai passĂ© les caps de l’entrevue, de la sĂ©lection et du placement. Quelques mois plus tard, je m’envolais pour Nairobi, au Kenya. Aujourd’hui, quatre mois après le dĂ©but de mon stage au Katiba Institute, je peux dire que mon expĂ©rience est prĂ©cieuse.

Le Katiba Institute (lien uniquement en anglais) a pour objectif principal d’amĂ©liorer la mise en Ĺ“uvre de la Constitution du Kenya grâce Ă  la recherche, Ă  l’Ă©ducation, au contentieux et Ă  l’encouragement de la participation du public. Notre bureau regroupe environ 15 personnes rĂ©parties entre les sections Programmes, Contentieux et Finances. J’aide principalement la section du Contentieux, un groupe de cinq juristes qui gèrent plus de 100 dossiers de contentieux d’intĂ©rĂŞt public.

Le Katiba Institute ouvre ses propres dossiers (en qualitĂ© de demandeur) et participe Ă  leur règlement en tant que partie intĂ©ressĂ©e, ou amicus curiae. La Constitution du Kenya est un document complet qui rend le travail sur ces dossiers Ă  la fois diversifiĂ© et intĂ©ressant, mais aussi frĂ©quemment difficile. J’ai traitĂ© des dossiers liĂ©s aux droits fonciers communautaires, aux Ă©victions forcĂ©es de bidonvilles, Ă  la participation publique dans le secteur de l’extraction des ressources, Ă  l’indemnisation des victimes après des attaques terroristes, et Ă  la transparence de la nomination des juges et autres commissions constitutionnelles.

Cette expĂ©rience m’a permis d’approfondir mes compĂ©tences juridiques dans un milieu unique en son genre, de rĂ©diger des mĂ©moires dĂ©posĂ©s Ă  tous les Ă©chelons du système judiciaire (mĂŞme la Cour suprĂŞme du Kenya), d’acquĂ©rir une plus grande confiance en moi quant Ă  la recherche et Ă  la rĂ©daction, et d’apprendre beaucoup auprès de juristes hors pair au sujet du contentieux et des techniques stratĂ©giques pour une reprĂ©sentation rĂ©ussie. J’ai en outre constatĂ© les parallèles entre les travaux que j’effectue ici et les discussions qui ont lieu au Canada au sujet de la crĂ©ation d’un Ă©quilibre entre les droits constitutionnels, le secteur de l’extraction et les changements climatiques, et les droits des communautĂ©s autochtones.

Hormis ces compĂ©tences pratiques, j’ai commencĂ© Ă  reconnaĂ®tre mes propres prĂ©jugĂ©s et Ă  les remettre en question, Ă  envisager sans complaisance mon rĂ´le dans la sociĂ©tĂ© et Ă  repenser les manières dont les gouvernements et institutions envisagent le dĂ©veloppement et le progrès.

Tout comme l’ABC, j’affirme qu’il est indispensable pour les stagiaires du PIJJ d’avoir la capacitĂ© de s’adapter, d’ĂŞtre proactifs, d’Ă©couter activement et de possĂ©der un sens de l’humour. J’ajouterais volontiers qu’ĂŞtre aventurier, avoir l’esprit d’initiative et souhaiter sortir de sa propre zone de confort sont des clĂ©s du succès.

Si je devais rĂ©sumer en une phrase ce que le stage m’a enseignĂ©, ce serait la suivante : Remettez le statu quo en question, tenez les dĂ©cideurs responsables de leurs dĂ©cisions, formulez des arguments juridiques crĂ©atifs et stratĂ©giques, et utilisez le privilège que donne une formation juridique pour parler au nom des personnes que la sociĂ©tĂ© empĂŞche de s’exprimer.

Chaque stage est unique. Je ne peux parler que de ma propre expĂ©rience. Je suis cependant heureuse d’avoir trouvĂ© l’adĂ©quation parfaite dont on m’avait tant parlĂ© Ă  la facultĂ©.

Jessica Dawkins a obtenu son baccalaurĂ©at en droit (J.D.) Ă  la Schulich School of Law Ă  l’UniversitĂ© Dalhousie en 2019.

La période de dépôt des candidatures pour le programme de 2020-2021 est en cours.