Pleins feux sur une magistrature bilingue : le ministère de la Justice prend de nouvelles mesures

  • 11 octobre 2017

Comme le dit le proverbe : better late than never, c’est-Ă -dire « mieux vaut tard que jamais ».

En septembre, le gouvernement fédéral a annoncé un nouveau plan pour améliorer la capacité bilingue des cours supérieures du Canada.

En mars, RenĂ© Basque, qui prĂ©sidait alors l’ABC, a Ă©crit Ă  la ministre de la Justice, Jody Wilson Raybould, et Ă  MĂ©lanie Joly, la ministre du Patrimoine, pour souligner l’importance, en tant que question d’accès Ă  la justice, de la capacitĂ© des juges Ă  s’exprimer dans les deux langues officielles.

« L’ABC possède un engagement profond et de longue date en ce qui a trait au bilinguisme officiel dans le domaine du droit », a-t-il Ă©crit. « De plus, en tant que premier prĂ©sident acadien de l’ABC, j’accorde une importance toute particulière Ă  la dualitĂ© linguistique qui constitue une valeur fondamentale se trouvant au cĹ“ur de notre identitĂ© nationale et de notre rĂ©gime juridique. »

Il a notamment souligné certaines des conclusions issues des audiences tenues par le Comité permanent des langues officielles.

  • Un procès en français Ă  l’extĂ©rieur du QuĂ©bec prend gĂ©nĂ©ralement plus de temps et coĂ»te plus cher, mĂŞme s’il s’agit d’une cause qui relève du droit criminel.
  • Le faible taux de bilinguisme chez les juges a un impact sur le travail des juges francophones ou bilingues. SollicitĂ©s pour leurs compĂ©tences linguistiques, ces juges sont frĂ©quemment appelĂ©s Ă  entendre des causes Ă  l’extĂ©rieur de leur district judiciaire, ce qui occasionne des retards dans l’administration des dossiers dans leur propre district.
  • Les capacitĂ©s bilingues restreintes des autres intervenants du système judiciaire, tels les greffiers et greffières, policiers et policières, posent de grands obstacles Ă  l’accès Ă  la justice en français.
  • Il est important que le gouvernement soutienne l’implantation d’associations de juristes d’expression française dans toutes les provinces et territoires afin de contribuer Ă  l’accès Ă  la justice en français.

L’ABC prĂ´ne depuis longtemps une magistrature plus bilingue, particulièrement dans les cours supĂ©rieures, et l’annonce d’un plan d’action en sept points rĂ©pondra au moins Ă  certaines des prĂ©occupations de l’ABC.

Aux termes du communiquĂ© de presse, le plan « comprend des stratĂ©gies visant Ă  amĂ©liorer les outils qui servent Ă  vĂ©rifier et Ă  Ă©valuer le niveau de bilinguisme des candidats Ă  la magistrature, Ă  examiner la formation linguistique offerte aux membres actuels de la magistrature et Ă  confirmer l’engagement de la ministre Ă  tenir des consultations concertĂ©es avec les juges en chef sur les besoins linguistiques de leurs cours respectives ». « Le gouvernement se fait Ă©galement un devoir de consulter les provinces et les territoires sur les initiatives pertinentes en matière de bilinguisme. »

Le plan en sept points comporte les éléments suivants.

  • Le questionnaire comprendra deux questions additionnelles auxquelles devront rĂ©pondre les candidats et candidates qui se sont auto-identifiĂ©s comme ayant une capacitĂ© bilingue. En outre, on demandera aux comitĂ©s consultatifs de la magistrature (CCM) de vĂ©rifier les rĂ©ponses Ă  ces questions afin d'assurer qu'elles s'alignent aux habiletĂ©s linguistiques dĂ©clarĂ©es par les candidats et candidates, et le commissaire Ă  la magistrature fĂ©dĂ©rale (CMF) sera autorisĂ©, et encouragĂ©, d'effectuer des Ă©valuations linguistiques ou des vĂ©rifications ponctuelles ou les deux.
  • Le CMF sera chargĂ© de formuler des recommandations au sujet d'un outil d'Ă©valuation qui pourrait ĂŞtre mis en Ĺ“uvre afin d'effectuer une Ă©valuation objective des capacitĂ©s linguistiques des candidats.
  • Le CMF examinera la prestation des programmes de formation linguistique existants.
  • Le CMF mettra Ă  la disposition des CCM de la formation et de l'information au sujet des droits linguistiques des justiciables.
  • Il sera demandĂ© au Conseil canadien de la magistrature de dĂ©velopper des modules de formation sur les droits linguistiques des justiciables Ă  l'intention des juges de nomination fĂ©dĂ©rale, qui seront offerts par l'intermĂ©diaire de l'Institut national de la magistrature.
  • Le ministère de la Justice travaillera avec les ressorts intĂ©ressĂ©s, ainsi que les cours, afin d'Ă©laborer des moyens permettant d'Ă©valuer la capacitĂ© bilingue existante des cours supĂ©rieures.
  • Le ministère de la Justice consultera les provinces et territoires afin d'examiner les diffĂ©rentes façons d'Ă©valuer les besoins des Canadiens et des Canadiennes en ce qui a trait Ă  l'accès aux cours supĂ©rieures dans les deux langues officielles.