Le PIJJ au Myanmar : droits de la personne, primauté du droit et boxe birmane

  • 23 janvier 2019
  • Kathryn Fox

Street in downtown yangonEn qualitĂ© de participante au Programme international des jeunes juristes de l’Association du Barreau canadien, j’ai dĂ©jĂ  effectuĂ© la moitiĂ© de mon stage auprès de l’International Development Law Organization Ă  Yangon (Myanmar). Le PIJJ place des juristes ayant 30 ans ou moins dans diverses organisations dans le monde, du Guyana au Kirghizistan, en passant par l’Afrique du Sud. Pendant mon sĂ©jour au Myanmar, je travaille sous la direction et la supervision du gestionnaire de programme sur le terrain pour le projet du Centre pour la primautĂ© du droit (Field Program Manager for the Rule of Law Centre (ROLC) Initiative), l’un des programmes supervisĂ©s par IDLO au Myanmar. (Kathryn Fox Ă  la droite, accompagnĂ©e d’Evelyn Palach, participante du PIJJ, Ă  la gauche.)

La possibilitĂ© de me rendre au Myanmar a suscitĂ© mon intĂ©rĂŞt en raison de la place prĂ©Ă©minente qu’il occupe de nos jours sur la scène des droits internationaux de la personne. Depuis mon arrivĂ©e ici, j’ai beaucoup appris au sujet du manque de confiance dans le système judiciaire et du manque de sensibilisation du public au sujet du droit. L’initiative du ROLC vise Ă  accroĂ®tre la confiance et la coopĂ©ration entre les fournisseurs de services en matière de justice et les communautĂ©s au moyen du renforcement de la capacitĂ© et de la promotion du dialogue. Pour ce faire, quatre centres rĂ©partis dans tout le pays organisent des sĂ©ances de formation et des ateliers sur divers thèmes, dont les principes de la primautĂ© du droit, les droits fonciers, ainsi que la violence et la violence sexospĂ©cifique. Les centres organisent Ă©galement rĂ©gulièrement des rĂ©unions communautaires auxquelles assistent des entitĂ©s du gouvernement, des organisations de la sociĂ©tĂ© civile et les membres de la profession juridique pour discuter des questions particulières en matière de justice locale. Comme me l’a enseignĂ© mon expĂ©rience prĂ©alable en Ouganda et au Canada, l’Ă©ducation est l’un des moyens les plus importants pour rĂ©soudre les questions systĂ©miques. C’est la raison pour laquelle je suis fière de contribuer comme je le peux Ă  l’Ă©ducation juridique publique au Myanmar et au projet du ROLC.

Lorsque je suis arrivĂ©e, le gestionnaire du programme sur le terrain m’a demandĂ© de l’aider Ă  mettre en place la toute première campagne sur les mĂ©dias sociaux pour les ROLC fondĂ©e sur leurs 13 principes de primautĂ© du droit. Chaque semaine, nous avons prĂ©sentĂ© une brève description et une illustration en bande dessinĂ©e d’un principe et encouragĂ© notre public sur Facebook Ă  participer aux discussions. Facebook est très populaire au Myanmar. Par consĂ©quent, cette campagne est un bon moyen pour renseigner les gens au sujet de la primautĂ© du droit au moyen d’une plateforme qu’ils connaissent bien. Nous avons maintenant lancĂ© notre deuxième campagne axĂ©e sur le droit des droits internationaux de la personne et le Myanmar. Vous pouvez la consulter en visitant notre page Facebook (disponible uniquement en anglais).

J’ai utilisĂ© mes expĂ©riences d’avocate spĂ©cialisĂ©e en droit du travail au Canada pour contribuer Ă  l’Ă©laboration et Ă  la mise en Ĺ“uvre d’un atelier sur le harcèlement sexuel en milieu de travail Ă  l’intention du personnel du projet du ROLC. Je n’ai pas Ă©tĂ© surprise de constater que les employĂ©s ici font face Ă  des enjeux similaires Ă  ceux que je traitais dans l’exercice de mes fonctions au Canada. Nous avons eu de bonnes discussions sur les limites Ă  poser dans le cadre des interactions avec les collègues. Le fait de donner ce cours m’a aussi donnĂ© l’occasion de visiter les quatre ROLC, ce qui m’a permis de dĂ©couvrir ce pays sous de beaucoup plus nombreux angles.

Jusqu’Ă  maintenant, mes collègues m’ont appris beaucoup de choses sur l’histoire et la culture du Myanmar. Alors que ma connaissance de la langue est très limitĂ©e, mes collègues ont Ă©tĂ© très patients, aimables et accueillants. Ils n’ont pas hĂ©sitĂ© une minute Ă  me prĂ©senter d’autres aspects de la culture locale, et plus particulièrement la nourriture. Au dĂ©jeuner, ils sont impatients de partager leurs diffĂ©rents plats avec moi et me demandent toujours pourquoi je ne mange pas plus de riz. Hors des heures de travail, un collègue amĂ©ricain m’a fait dĂ©couvrir, ainsi qu’Ă  un autre stagiaire du PIJJ, le Lethwei (boxe birmane) une forme de combat Ă  mains nues particulière au Myanmar, et très importante dans cette culture. Ă€ la grande surprise de nombreuses personnes locales que nous avons rencontrĂ©es, nous nous sommes inscrits Ă  un cours de Lethwei et nous nous entraĂ®nons au moins une fois par semaine!

Si je considère ces trois derniers mois, je dois dire que j’ai vraiment apprĂ©ciĂ© le temps consacrĂ© au projet du ROLC et passĂ© au Myanmar en gĂ©nĂ©ral. J’ai hâte de voir ce que l’avenir proche dans ce pays me rĂ©serve.

Kathryn Fox est une avocate de Toronto