Les grands espoirs, ou votre première année en tant que juriste

  • 29 janvier 2018
  • James Careless

Your first year as a lawyer

 

Félicitations, pour votre récente admission au barreau! Vous entamez maintenant la première année de ce qui sera bientôt une longue et estimée carrière juridique.

Ă€ quoi dois-je m’attendre?        

Très bonne question. Nous allons déboulonner quelques mythes et vous offrir des conseils sur ce à quoi vous pouvez vous attendre, et ne pas vous attendre, pendant votre première année de travail juridique rémunéré.

Ce Ă  quoi vous pouvez vous attendre

Mythe no 1 – « Après avoir commencĂ© Ă  travailler, le premier mythe que j’ai dĂ©boulonnĂ© Ă©tait celui selon lequel la facultĂ© de droit vous prĂ©pare Ă  exercer le droit », a dĂ©clarĂ© Brent Grunenberg, en cours de première annĂ©e d’exercice en qualitĂ© de collaborateur dans le cabinet Boughton Law Corporation Ă  Vancouver. « C’est en travaillant avec d’autres avocats que vous apprenez ce que reprĂ©sente rĂ©ellement l’exercice du droit. »

Mythe no 2 – Une fois que vous ĂŞtes avocat, vous allez vous retrouver seul avec vos propres dossiers et vous devrez rĂ©pondre Ă  vous seul de leur issue. En rĂ©alitĂ©, dĂ©clare Anthony J. Does, avocat dans le cabinet Weinstein Law Ă  Ottawa, les cabinets d’avocats sont plutĂ´t tendres avec leurs nouveaux venus. « Les personnes rĂ©cemment admises au barreau ne seront pas amenĂ©es Ă  se jeter dans la gueule du loup sans y ĂŞtre auparavant prĂ©parĂ©es », dit-il.

Mythe no 3 – On s’attend Ă  ce que vous travailliez tous les jours toute la journĂ©e. Keara Lundrigan, stagiaire dans le cabinet Abergel Goldstein & Partners LLP Ă  Ottawa, dit que ce n’est pas le cas. « Alors que vous ne travaillerez pas nĂ©cessairement de 9 h Ă  17 h, tant que vous respectez les dates limites et que vous utilisez votre temps Ă  bon escient, vous ne travaillerez pas Ă  toute heure du jour et de la nuit. »

Outre les dossiers les plus Ă©lĂ©mentaires, les jeunes juristes qui exercent dans un grand cabinet « peuvent s’attendre Ă  une charge de travail raisonnable et Ă  un mentorat par des spĂ©cialistes dans le domaine qu’ils ont choisi », a dĂ©clarĂ© Robert J. Hawkes, c.r., associĂ© dans le cabinet Jensen Shawa Solomon Duguid Hawkes LLP Ă  Calgary. Dans les cabinets de plus petite taille, la « charge de travail est frĂ©quemment moins rĂ©gulière et le juriste doit s’occuper des nouveaux dossiers, quelle que soit sa spĂ©cialisation », dit-il. « Cela pourrait conduire Ă  un plus vaste Ă©ventail de sujets traitĂ©s par les nouveaux juristes. »

« La prĂ©paration des pourvois devant la Cour suprĂŞme du Canada » est une tâche qui ne sera pas confiĂ©e aux nouveaux juristes, a dĂ©clarĂ© Elizabeth Reid, avocate dans le cabinet Boughton Law Corporation, dont elle est actionnaire. Ils ne nĂ©gocieront pas non plus les règlements pour les clients, a-t-elle ajoutĂ©.

Tyler James, avocat dans le cabinet Stewart McKelvey Ă  Halifax admis au barreau en 2017, le confirme. « On me demande souvent de travailler sur la mesure Ă  prendre après les nĂ©gociations, mais je n’assiste pas toujours aux conversations sur les points essentiels », a-t-il dit.

Mythe no 4 –  Les associĂ©s principaux ne vont faire qu’une bouchĂ©e de vous. De nos jours, les nouveaux juristes sont gĂ©nĂ©ralement traitĂ©s avec courtoisie par leurs pairs plus chevronnĂ©s, affirme Me Does. C’est pourtant relativement rĂ©cent. « Les juristes ayant une longue expĂ©rience ne me laissent jamais oublier « le bon vieux temps » oĂą les associĂ©s pouvaient crier sur les jeunes juristes, et les rĂ©unions calendaires Ă©piques au cours desquelles les revues volaient littĂ©ralement », a-t-il dit. « Il semble que le monde se soit calmĂ© un peu depuis cette belle Ă©poque. »

Ce que l’on attendra de vous

Cela Ă©tant dit, les nouveaux juristes et les stagiaires doivent se comporter et s’acquitter de leurs tâches avec compĂ©tence et professionnalisme. Le respect est un sentiment mutuel.

« J’ai effectuĂ© un premier stage, j’ai travaillĂ© l’Ă©tĂ© puis j’ai fait mon stage en droit dans le mĂŞme cabinet », a affirmĂ© Michelle Psutka, greffière Ă  la Cour d’appel de l’Ontario. « Ă€ cette Ă©poque, c’Ă©tait un petit cabinet oĂą exerçaient au plus cinq associĂ©s. J’ai toujours Ă©tĂ© traitĂ©e avec respect, mais j’ai dĂ» prouver ma compĂ©tence aux associĂ©s avant qu’ils me confient des tâches importantes. »

S’agissant de votre carrière juridique, la façon dont vous vous comportez au cours de votre première annĂ©e est primordiale pour votre succès Ă  venir.

Les professionnels du droit rencontrĂ©s pour les besoins de cet article, qu’ils soient frais Ă©moulus de la facultĂ© ou qu’ils aient des annĂ©es d’expĂ©rience, disent tous que le secret du succès rĂ©side dans un travail acharnĂ©. Ne prenez pas de raccourcis, mĂŞme pour les tâches les plus banales. Il importe d’adopter une attitude positive envers tous les membres du cabinet, sans pour cela tomber dans la flagornerie. L’autodiscipline, la diplomatie et la maturitĂ© Ă©motionnelle importent, elles aussi, tout autant.

« L’une des choses les plus importantes que peut faire un jeune juriste, c’est de demeurer disponible », a affirmĂ© Me Does, parce que le temps, c’est probablement la seule chose que le jeune juriste a en plus grande rĂ©serve que ses homologues chevronnĂ©s. « Par consĂ©quent, le fait d’accepter de rĂ©aliser des tâches qui peuvent faciliter la vie des avocats de longue date vous vaudra rapidement leur admiration », a-t-il conseillĂ©.

« Vous devriez Ă©galement toujours vous assurer que vous avez fait de votre mieux pour produire le travail que vous rendez », a-t-il ajoutĂ©. « Il est difficile de se forger la rĂ©putation d’ĂŞtre le jeune juriste qui fait toujours du bon travail, alors qu’il est facile de perdre cette rĂ©putation en rendant un “torchon” ».

C’est dans les dĂ©tails que rĂ©side l’excellence. Ne laissez pas passer les petites choses comme le nom du client, des adresses ou des dates, affirme Me Grunenberg.

 « Les avocats chevronnĂ©s s’attendent Ă  ce que vous indiquiez ces Ă©lĂ©ments avec exactitude dans les documents que vous prĂ©parez pour eux. Les erreurs de ce genre ne manqueront pas de donner très rapidement une mauvaise impression. »

La mauvaise impression… elle dĂ©coulera Ă  coup sĂ»r de ces autres comportements : amener le cabinet Ă  se trouver en conflit dĂ©ontologique (si vous avez des doutes, demandez l’aide d’un avocat chevronnĂ©), ignorer les Ă©chĂ©anciers et les dates limites, traiter les dossiers Ă  toute allure, se charger de trop de travail, et faire montre d’excès de zèle ou d’obsĂ©quiositĂ©.

Évitez l’Ă©puisement professionnel au cours de la première annĂ©e

Il n’est pas rare que les juristes dans leur première annĂ©e d’exercice soient dĂ©passĂ©s par l’expĂ©rience. Un grand nombre y font face en tentant de travailler autant de temps que possible pendant sept jours par semaine.

Toutes les personnes auxquelles j’ai parlĂ© aux fins de cet article ont convenu qu’il est vital de maintenir un Ă©quilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle au cours de cette première annĂ©e.

« J’ai essayĂ© de mettre de cĂ´tĂ© certains moments de la semaine, comme le vendredi soir et le samedi, pendant lesquels je ne travaille pas », a affirmĂ© Me James. « Si, pour cela, je dois travailler (très) tard d’autres jours de la semaine, ce n’est pas grave. Cela ne fonctionne pas toujours, mais c’est tellement agrĂ©able d’avoir ce moment oĂą j’oublie le travail et oĂą je me change les idĂ©es. J’aime aussi avoir ce moment strictement rĂ©servĂ© Ă  mes amis, pour jouer au hockey, hors du cabinet. »

James Careless rédige fréquemment des articles pour EnPratique.