Les négociateurs

  • 01 janvier 2014
  • Amy Jo Ehman

Tous les jours, Terry Whyte met sa casquette de plombier, s’empare de sa boĂ®te Ă  outils, et prend le chemin du travail. Selon le client, il pourrait passer sa journĂ©e Ă  rĂ©parer un raccordement complexe, ou Ă  venir Ă  bout d’un pĂ©nible pĂ©trin alambiquĂ©. Il est passĂ© maĂ®tre dans sa spĂ©cialitĂ©. Mais sa boĂ®te Ă  outils ne comprend ni clĂ©s anglaises, ni ruban adhĂ©sif en toile – ses « outils » sont sa bonne Ă©coute et sa tendance Ă  chercher des solutions qui ressortent de l’ordinaire.

Me Whyte est associĂ© du cabinet Templeman Menninga LLP, qui a des bureaux Ă  Belleville et Ă  Kingston (Ontario). Il se spĂ©cialise dans le domaine de la nĂ©gociation de dossiers de droit du travail. Bien avant de faire ses Ă©tudes en droit Ă  l’UniversitĂ© Queen’s, il travaillait comme plombier. Il se souvient donc de ses humbles dĂ©buts chaque fois qu’il entreprend des nĂ©gociations au nom d’un client.

L’art de la nĂ©gociation rĂ©ussie, explique Me Whyte, est de savoir faire preuve d’empathie envers la partie opposĂ©e et mettre de cĂ´tĂ© son amour-propre. Il poursuit : « En tant qu’avocat, je ne suis rien de plus qu’un ouvrier spĂ©cialisĂ©. Ma spĂ©cialitĂ©, ce sont les mots – discuter de problèmes, et les rĂ©soudre. Je ne cherche pas Ă  dĂ©nigrer la pratique du droit, parce qu’il y a des ouvriers spĂ©cialisĂ©s sensationnels, tout comme il y a des avocats sensationnels. Mais les avocats sensationnels ne sont pas sensationnels parce qu’ils sont avocats, mais plutĂ´t parce qu’ils sont rĂ©flĂ©chis, intelligents et parce qu’ils comprennent les relations humaines.

Privilégier la résolution de problèmes

Les relations humaines sont au cœur de presque tous les conflits juridiques et constituent donc le fondement des règlements négociés. Peu importe que les parties au conflit soient une société et ses employés syndiqués, un consommateur mécontent et un propriétaire de magasin récalcitrant, ou un mari et sa femme qui se sont séparés, le tout premier souci est de comprendre les nuances de la relation.

Entrent alors en jeu des diffĂ©rences subtiles qui ne sont pas souvent reconnues par le système juridique, au sein duquel les jugements des tribunaux sont fondĂ©s sur des questions de droit et les dĂ©nouements sont typiquement sans nuances. Cependant, le système juridique exige maintenant de plus en plus de règlements nĂ©gociĂ©s afin d’Ă©viter les pertes de temps, les coĂ»ts et l’acrimonie qu’entraĂ®nerait un procès.

« PlutĂ´t que de partir en guerre chaque fois que survient un problème, s’il est possible de parvenir Ă  un règlement nĂ©gociĂ©, tout le monde y gagne. Les parties reconnaissent l’existence d’une relation actuelle, qui doit ĂŞtre protĂ©gĂ©e », explique Me Whyte qui, entre ses carrières de plombier et d’avocat, a travaillĂ© 20 annĂ©es dans le domaine des relations humaines des secteurs minier et industriel.

Lorsqu’il a commencĂ© ses Ă©tudes de droit Ă  l’âge de 40 ans, il a Ă©tĂ© surpris d’apprendre que la nĂ©gociation et le règlement des diffĂ©rends ne faisaient pas partie du cursus. Pendant neuf ans, il a enseignĂ© un cours sur la nĂ©gociation Ă  la FacultĂ© de droit de l’UniversitĂ© Queen’s et, l’annĂ©e dernière, il a obtenu sa maĂ®trise en nĂ©gociations collectives Ă  la FacultĂ© de droit Osgoode Hall.

Me Whyte poursuit : « Dès les annĂ©es 1970, les dĂ©marches de nĂ©gociation Ă©taient dĂ©jĂ  très en vue dans le cadre du mouvement syndical. On y fait dĂ©sormais de plus en plus appel dans le cadre de litiges. C’est une façon de faire progresser les dossiers et de rĂ©duire le nombre de causes qui figurent au plumitif. Lorsqu’un problème peut ĂŞtre rĂ©solu au moyen d’un processus de nĂ©gociation, la pression que subit le système juridique s’en trouve diminuĂ©e et les solutions qui dĂ©coulent de la nĂ©gociation sont – dans une certaine mesure – meilleures. »

LĂ  oĂą gain de cause n’entraĂ®ne pas une situation de « tout ou rien » La possibilitĂ© de façonner une solution qui ne dĂ©signe ni gagnant ni perdant, est un des grands avantages des règlements nĂ©gociĂ©s. Songez, par exemple, au cas de l’achat d’une voiture d’occasion qui tourne mal. La cliente exige un remboursement car la voiture en question a besoin d’importantes rĂ©parations. Le concessionnaire dĂ©clare que l’auto avait Ă©tĂ© vendue « telle quelle » et qu’il a un contrat pour le prouver. Les esprits s’Ă©chauffent et la tension monte.

« S’ils avaient Ă©tĂ© devant le tribunal, le juge aurait dĂ©clarĂ© : ‘Vous avez raison, et vous avez tort’. Peut-ĂŞtre que de l’argent aurait Ă©tĂ© Ă©changĂ© – ou peut-ĂŞtre que non. Quelqu’un aurait gagnĂ©, et quelqu’un aurait perdu », explique Andrew Pirie, professeur de droit Ă  l’UniversitĂ© de Victoria et auteur du livre intitulĂ© « Alternative Dispute Resolution: Skills, Science, and the Law ».

Dans cette cause, les parties avaient eu recours aux services du professeur Pirie, qui devait nĂ©gocier un dĂ©nouement qui serait acceptable aux yeux des deux parties. Le concessionnaire a convenu de faire rĂ©parer l’auto au coĂ»t d’acquisition. La cliente a convenu de payer le prix de l’auto. Ainsi, la cliente a pu faire rĂ©parer sa voiture Ă  moitiĂ© prix, alors que le concessionnaire n’a pas dĂ» crĂ©er un prĂ©cĂ©dent en lui remboursant son argent. Une solution qui convenait aux deux parties a Ă©tĂ© trouvĂ©e en prĂ©cisĂ©ment trois heures, ce qui leur a Ă©vitĂ© de devoir passer une journĂ©e acrimonieuse en cour des petites crĂ©ances.

« Non seulement les parties ont-elles trouvĂ© ce terrain d’entente, mais en plus elles se sont ensuite levĂ©es pour Ă©changer une Ă©treinte. Ceci dĂ©montre que lorsque vous encouragez les parties Ă  trouver une solution qui leur convient, au lieu de simplement leur imposer une entente, elles sont souvent plus satisfaites du dĂ©nouement », ajoute le professeur Pirie.

Cette cause de « l’automobile d’occasion » dissipe le mythe qui voudrait que la nĂ©gociation d’un règlement signifie nĂ©cessairement que les parties capitulent et conviennent d’un compromis perdant-perdant. En effet, les deux parties ont pu faire connaĂ®tre leur point de vue et ont « gagnĂ© » en obtenant chacune un dĂ©nouement qu’elles pouvaient accepter. Le professeur Pirie conclut : « Le processus de nĂ©gociation a permis de rĂ©soudre des problèmes de fond qui portent sur des questions d’argent, mais il a Ă©galement permis de restaurer une relation qui se poursuit, en y injectant une certaine mesure de confiance ».

L’application de la loi signifie ne jamais devoir s’excuser...

Avec très peu d’exceptions, les tribunaux canadiens n’exigent pas d’excuses. Cependant, certaines provinces, telle la Colombie-Britannique, sont en train d’adopter des lois sur les excuses, qui reconnaissent la valeur thĂ©rapeutique d’un tĂ©moignage de regret. C’est un mythe de penser que la prĂ©sentation d‘excuses est un signe de faiblesse alors que, dans bien des cas, c’est plutĂ´t la baguette magique qui ouvre la porte Ă  un règlement nĂ©gociĂ©.

Ă€ titre d’exemple, le professeur Pirie mentionne un dossier, dans lequel il a jouĂ© le rĂ´le de mĂ©diateur, et qui portait sur une robe importante. Une femme a apportĂ© la robe chez le tailleur pour des retouches, mais lorsqu’elle a Ă©tĂ© la chercher, la robe ne lui allait pas. « Elle avait l’impression que la robe avait Ă©tĂ© complètement gâchĂ©e », dit le professeur Pirie. « Cela s’est traduit par une vive altercation, avec prise de bec dans un espace public. » Le professeur Pirie a encouragĂ© les deux parties Ă  se prĂ©senter des excuses, avant qu’elles ne puissent se parler poliment.

Le professeur Pirie poursuit : « Chacune des deux parties a fini par s’excuser auprès de l’autre. Elle regrettait de s’ĂŞtre comportĂ©e de la sorte, et lui aussi regrettait son rĂ´le dans l’affaire. Une fois leurs excuses Ă©changĂ©es, les parties ont rĂ©ussi Ă  rĂ©gler l’autre problème, quasiment sans avoir recours Ă  mon aide ».

Dans son livre intitulĂ© « The New Lawyer: How Settlement is Transforming the Practice of Law », Julie Macfarlane, professeure en droit de l’UniversitĂ© de Windsor, dĂ©crit le « nouvel avocat » comme Ă©tant quelqu’un qui est capable de se dĂ©partir de son rĂ´le traditionnel de l’avocat qui dirige le cours du dossier, pour assumer celui de l’avocat qui travaille en vĂ©ritable collaboration avec le client. C’est l’avocat qui est moins chien de combat, et davantage chien-guide, qui est – Ă  parts Ă©gales – combattant et mĂ©diateur, et qui comprend « Ă  quel moment il doit enlever une casquette et mettre l’autre… ou mĂŞme lorsqu’il doit porter les deux casquettes en mĂŞme temps. »

Cela pulvĂ©rise le mythe Ă  l’effet que les avocats doivent nĂ©cessairement se montrer hostiles et intransigeants pour avoir gain de cause. « C’est une mentalitĂ© dont il faut venir Ă  bout », dit François Beaulieu, un ancien avocat plaidant et procureur fĂ©dĂ©ral qui travaille maintenant en tant que conseiller juridique de la Ville de Saint-Jean (Nouveau-Brunswick). « Je me rends compte que, lors de mes Ă©tudes en droit, j’ai reçu une formation d’avocat plaidant, plutĂ´t qu’une formation de nĂ©gociateur. Je ne savais ni comment gĂ©rer les Ă©motions, ni comment communiquer avec mon client. Ă€ mes yeux, il y avait lĂ  une dĂ©connexion. »

Me Beaulieu se rappelle du dossier d’un certain divorce acrimonieux. Il voulait tellement gagner sa première cause contre un avocat de plus grande expĂ©rience, qu’il avait nĂ©gligĂ© de bien comprendre les besoins de son client. Ses propres Ă©motions ont pris le dessus. Le processus de nĂ©gociation en avait souffert et, après trois ans et demi de nĂ©gociations infructueuses, la cause a Ă©tĂ© rĂ©glĂ©e en cour.

« Je suis devenu si fixĂ© sur mes positions, non pas vis-Ă -vis du mari de ma cliente, mais vis-Ă -vis de l’autre avocat, que cela en est devenu une compĂ©tition. Je ne parvenais pas Ă  contrĂ´ler mes Ă©motions », explique-t-il. « Il n’y a pas eu de gagnants dans cette cause. »

Me Beaulieu a toutefois observĂ© son frère, un reprĂ©sentant des ventes pour une sociĂ©tĂ© internationale, qui Ă©tait un excellent nĂ©gociateur et qui suivait une formation continue afin d’amĂ©liorer ses habiletĂ©s. Soucieux d’en apprendre davantage, Me Beaulieu a alors obtenu une maĂ®trise en nĂ©gociation Ă  la FacultĂ© de droit Osgoode Hall, dans le contexte de laquelle il a Ă©laborĂ© un cours de nĂ©gociation qu’il enseigne maintenant Ă  la FacultĂ© de droit de l’UniversitĂ© du Nouveau-Brunswick.

Le Barreau du Nouveau-Brunswick l’a rĂ©cemment chargĂ© d’Ă©laborer un module sur la nĂ©gociation pour les cours du Barreau. « Avec les connaissances que j’ai maintenant acquises, j’aurais fait les choses bien diffĂ©remment », dĂ©clare-t-il avec le recul.

Le passage de l’acrimonie Ă  l’harmonie

Au Canada, il est estimĂ© que 90 % des litiges en matière civile et commerciale sont rĂ©glĂ©s avant le procès. Les tribunaux favorisent cette tendance en soutenant la mĂ©diation obligatoire, les confĂ©rences de règlement et les processus de justice corrective. Les clients exigent maintenant des procĂ©dures juridiques plus rapides et moins coĂ»teuses, auxquelles ils peuvent participer, afin d’aider Ă  en façonner les dĂ©nouements. Les facultĂ©s de droit ont ajoutĂ© Ă  leur cursus des cours sur la thĂ©orie et la pratique des règlements extrajudiciaires. Une nouvelle gĂ©nĂ©ration d’avocats est maintenant Ă©quipĂ©e pour faire diffĂ©remment les choses.

Il y a eu un changement d’attitude important depuis que le professeur Pirie a commencĂ© Ă  prĂ©senter ces concepts lors de ses cours Ă  l’UniversitĂ© de Victoria. « Au dĂ©but, il y avait une rĂ©sistance importante, tout particulièrement face Ă  l’idĂ©e de la nĂ©gociation facilitĂ©e », explique-t- -il. « Au cours des 20 dernières annĂ©es, cependant, nous assistons Ă  une explosion d’intĂ©rĂŞt. Aujourd’hui, l’avocat moderne et les Ă©tudiants en droit qui viennent d’obtenir leurs diplĂ´mes comprennent l’importance de ces processus pour leur travail. »

Par ailleurs, les Ă©tudiants sont en train d’acquĂ©rir les habiletĂ©s qui leur permettront de faire face Ă  cette nouvelle rĂ©alitĂ©, autant en facultĂ© de droit que dans leurs Ă©changes personnels. En parlant de ses Ă©tudiants Ă  l’UniversitĂ© du Nouveau-Brunswick, Me Beaulieu dit : « Je pense, en règle gĂ©nĂ©rale, que les Ă©tudiants de cette gĂ©nĂ©ration ont une plus grande conscience de soi que je ne l’avais en facultĂ© de droit il y a 13 ans et c’est vraisemblablement dĂ» Ă  l’Ă©ducation qu’ils ont reçue de leurs parents. Ils sont plus loquaces et communiquent plus efficacement. »

Afin d’illustrer les principes universels d’un processus de nĂ©gociation efficace, Me Beaulieu utilise dans ses classes des exemples et des exercices qui ont peu Ă  voir avec le droit. Voici quelques conseils pratiques tirĂ©s de l’expĂ©rience des professionnels :

Conseil no 1 : Ce n’est pas de vous qu’il s’agit. Laissez votre amour-propre Ă  l’entrĂ©e. Il ne s’agit pas de gagner la cause, mais d’obtenir un bon dĂ©nouement pour votre client. « ‘Gagner’ est un concept dĂ©modĂ©. Oui, je voudrais gagner. Mais ce n’est pas le point de vue de mon client, c’est celui de mon amour-propre », dit Me Whyte. « Il faut maintenir son objectivitĂ©. »

Conseil no 2 : Assurez-vous de dĂ©cortiquer la multitude d’Ă©motions en jeu. Commencez par les Ă©motions de votre client, puis les vĂ´tres, puis celles de la partie adverse. Une fois que vous aurez identifiĂ© les innombrables Ă©motions en prĂ©sence et leurs facteurs dĂ©clenchant, vous serez mieux Ă©quipĂ© pour faire relâcher leur emprise.

Conseil no 3 : Écoutez sans prĂ©conceptions. Écoutez très attentivement, mĂŞme si vous n’ĂŞtes pas d’accord, car si vous ne comprenez pas pleinement les problèmes de fond, vous pourriez ne jamais trouver les bases d’une entente. L’empathie ne consiste pas Ă  prendre parti; c’est plutĂ´t une question de compassion et de comprĂ©hension.

Conseil no 4 : Écoutez avec tous vos sens. Une Ă©coute active fait intervenir tous les sens – odorat, goĂ»t, vue, toucher, soit tout ce qui fait partie de la communication non verbale.

Conseil no 5 : Recherchez la cause profonde du conflit. C’est facile de traiter un symptĂ´me apparent, mais cela prend du travail pour dĂ©couvrir la cause première de la difficultĂ©. Comme le dit Me Beaulieu : « Une bonne analogie serait celle du mĂ©decin qui prescrit des antidĂ©presseurs sans analyser la cause profonde de la dĂ©pression. Le problème sera encore prĂ©sent. »

Conseil no 6 : Ne vous mettez pas simplement Ă  leur place, changez carrĂ©ment de place avec la partie adverse. Il faut que vous compreniez bien les difficultĂ©s auxquelles sont confrontĂ©es les parties adverses, et vice versa. Soyez aussi ouvert et honnĂŞte avec elles que vous souhaitiez qu’elles soient avec vous. « La caractĂ©ristique d’un bon nĂ©gociateur consiste Ă  rĂ©ussir Ă  gagner la confiance de la partie adverse. Elle peut ne pas ĂŞtre d’accord avec vous, mais elle a confiance que vous lui faites part de toutes les questions que vous jugez importantes », explique Me Whyte. « Cela exige une très grande communication, ce qui met parfois les parties mal Ă  l’aise. Il est important de bâtir ce niveau de confiance dès les premiers moments. »

Conseil no 7 : Abstenez-vous de faire des allusions personnelles, ou faites bien la distinction entre le problème et la personne. Si vous n’aimez pas quelqu’un, si quelqu’un vous froisse, ou si vous vous sentez personnellement atteint, laissez tomber et passez Ă  autre chose. Souvenez-vous que le problème ne tient pas Ă  la personne mĂŞme. Votre pouvoir dĂ©pend de votre capacitĂ© Ă  contrĂ´ler vos Ă©motions – ne laissez donc pas vos Ă©motions vous contrĂ´ler.

Un vĂ©tĂ©ran des nĂ©gociations collectives difficiles, Me Whyte prodigue le conseil suivant : « Comportez-vous de façon irrĂ©prochable. Ne rĂ©pondez pas Ă  une attaque personnelle en attaquant l’autre partie personnellement. Cela ne mène nulle part et donne le contrĂ´le Ă  l’autre partie. »

Conseil no 8 : Prenez une pause. Me Whyte fait remarquer qu’il fut un temps oĂą il Ă©tait acceptable de tirer longuement sur une cigarette, le temps de dĂ©samorcer des tensions ou de rĂ©flĂ©chir Ă  une rĂ©ponse. Nous ne pleurerons pas la fin de cette Ă©poque-lĂ , mais tentez de trouver une autre bonne excuse pour prendre une brève pause stratĂ©gique.

Conseil no 9 : Soyez prĂ©parĂ©. « C’est un processus, pas une activitĂ© ponctuelle », fait remarquer le professeur Pirie. Identifiez-en donc toutes les Ă©tapes et prĂ©parez-vous pour chacune d’elles. Cette prĂ©paration doit Ă©galement comprendre l’identification de votre meilleure solution de rechange au cas oĂą les nĂ©gociations Ă©choueraient. Cette « meilleure solution de rechange » Ă©tablit un point de rĂ©fĂ©rence pour ce que vous cherchez Ă  accomplir au moyen du processus de nĂ©gociation, et vous aidera Ă  dĂ©cider s’il est temps d’y mettre fin.

Conseil no 10 : Prenez un cours ou renseignez-vous sur le sujet du règlement extrajudiciaire des diffĂ©rends. Que vous ayez appris vos techniques de nĂ©gociation en facultĂ© de droit ou dans le cadre de votre emploi, il est toujours possible d’en apprendre plus. Le règlement extrajudiciaire des diffĂ©rends est un domaine dynamique qui, chaque annĂ©e, engendre de nouvelles donnĂ©es et thĂ©ories.

Pas besoin d’ĂŞtre un gĂ©nie, toutefois… Comme la plupart des habiletĂ©s pratiques, celles du nĂ©gociateur se dĂ©veloppent avec le temps et l’expĂ©rience. Elles ne sont cependant pas du tout rĂ©servĂ©es Ă  un groupe restreint de praticiens de gĂ©nie. Les habiletĂ©s du nĂ©gociateur se trouvent depuis bien longtemps dans la « boĂ®te Ă  outils » de tous les avocats, que ceux-ci discutent avec un client des procĂ©dures juridiques Ă  intenter ou qu’ils dĂ©cident, avec leur partenaire de vie, de leur prochaine destination de vacances. Ce sont des habiletĂ©s que vous utilisez tous les jours.

Le professeur Pirie conclut : « La nĂ©gociation a toujours fait partie des fonctions de l’avocat. C’est toutefois dans l’abstrait que de nombreux avocats s’engagent dans des nĂ©gociations, car ils n’ont jamais suivi un programme d’enseignement officiel sur les habiletĂ©s de nĂ©gociation. Avec l’Ă©volution de ce domaine, nous avons dĂ©couvert qu’il y avait beaucoup Ă  apprendre. »

Amy Jo Ehman est rédactrice pigiste, et réside à Saskatoon.