Une assise solide : les meilleures pratiques d’embauche sous le microscope

  • 24 avril 2018
  • Ann Macaulay

La mise en place d’un solide cabinet juridique est un dĂ©fi permanent, non seulement lorsqu’il est temps d’engager les meilleurs collaborateurs, mais, et c’est encore plus important, de pouvoir les retenir. Heureusement, selon les experts en recrutement, il y a de multiples moyens de cultiver une Ă©quipe des plus efficaces.

Le marchĂ© juridique « indique la confiance en engageant de nouveaux juristes », affirme Christopher Sweeney, chef des opĂ©rations de ZSA Ă  Toronto, bien qu’il ajoute que les cabinets demeurent prudents tant dans l’embauche d’avocats que de personnel de soutien. Les activitĂ©s d’embauche cette annĂ©e devraient demeurer stables, si l’on en croit le guide des salaires des professionnels du droit The Robert Half 2018 Salary Guide for Legal Professionals, alors que les [TRADUCTION] « taux d’attrition dans les cabinets juridiques et les services du contentieux des entreprises continuent Ă  augmenter ».

La demande est forte pour les professionnels ayant des connaissances spĂ©cialisĂ©es dans des domaines Ă  forte croissance et plus de trois ans d’expĂ©rience. Il existe Ă©galement une demande croissante pour le personnel de soutien ayant de solides compĂ©tences en technologie alors que les cabinets juridiques engagent des techniciens juridiques pour les aider Ă  rĂ©pondre au besoin de prestation de services de qualitĂ© Ă  moindres frais facturĂ©s.

La tenue d’entrevues axĂ©es sur le comportement relève d’une tendance croissante qui est utile pour les cabinets souhaitant s’assurer qu’ils attirent et engagent les personnes appropriĂ©es, affirme Warren Smith, associĂ© directeur de The Counsel Network Ă  Vancouver.

Les tests de personnalitĂ© peuvent Ă©galement aider Ă  cerner un possible candidat et Ă  dĂ©terminer s’il s’intĂ©grera bien dans la culture professionnelle du cabinet. Ils peuvent en outre aider Ă  se doter d’un groupe de collaborateurs plus Ă©quilibrĂ© puisque le fait d’engager des personnes ayant des personnalitĂ©s et des antĂ©cĂ©dents diffĂ©rents peut aider Ă  former la meilleure Ă©quipe possible. Cependant, tous les tests de personnalitĂ© ne sont pas identiques. Le guide Robert Half offre une mise en garde : [TRADUCTION] « Les cabinets doivent s’assurer que tout indicateur de personnalitĂ© utilisĂ© est Ă  la fois lĂ©gal et pertinent Ă  la dĂ©cision d’embauche ».

Un test de personnalitĂ© peut ĂŞtre un bon moyen de susciter une conversation plus approfondie avec le candidat. Si une personne dĂ©montre une tendance Ă  ĂŞtre obsessive-compulsive ou Ă  ne pas accorder d’attention aux dĂ©tails, cela peut faire l’objet d’une discussion pour dĂ©couvrir le fond des choses, dit Warren Smith. « La moitiĂ© de la valeur rĂ©side dĂ©jĂ  dans le fait d’avoir cette conversation et de voir quelles sont leurs rĂ©actions. »

Comme Ă©tape finale du processus d’embauche, certains cabinets font ce qui s’apparente Ă  un examen Ă  la maison, dit M. Smith, c’est une tendance qui a Ă©tĂ© constatĂ©e dans certains des plus grands cabinets juridiques d’envergure mondiale. « Ils veulent constater les compĂ©tences analytiques de la personne ou sa capacitĂ© Ă  travailler avec une sĂ©rie de faits, un peu comme pour un examen Ă  la facultĂ© de droit. » C’est un bon moyen pour tenter de comprendre toutes les facettes de la personne et non seulement celles qui sont rĂ©vĂ©lĂ©es lors de l’entrevue. Warren Smith a fait des recherches « oĂą quelqu’un qui a passĂ© l’entrevue avec brio s’est avĂ©rĂ© avoir de graves lacunes au regard des compĂ©tences de fond ou des types de personnalitĂ© sous-jacents. Certains des processus de test peuvent apporter des rĂ©ponses ».

Le processus d’entrĂ©e dans le cabinet est peut-ĂŞtre mĂŞme plus important qu’une entrevue. Faire entrer quelqu’un dans un cabinet est un point de dĂ©part. Les amener Ă  y rester et Ă  faire partie intĂ©grante de cette communautĂ© est « probablement un bien meilleur indicateur de prĂ©vision du succès Ă  long terme que de savoir si votre processus d’entrevue a Ă©tĂ© une rĂ©ussite ou un Ă©chec », affirme M. Smith. Certains cabinets consacrent un temps infini au processus d’entrevue, mais une fois que la personne a Ă©tĂ© engagĂ©e, « que les papiers ont Ă©tĂ© signĂ©s et qu’elle est installĂ©e dans le cabinet, c’est Ă  peu près tout. Je dirais certainement, de mon point de vue, que c’est souvent lĂ  que les difficultĂ©s peuvent se corser ».

Pour aider le processus d’assimilation dans le cabinet, Warren Smith suggère de mettre trois mesures en Ĺ“uvre.

  • D’abord, le nouveau venu devrait ĂŞtre mis en contact avec quelqu’un faisant partie de son groupe de travail pour s’assurer qu’il est bien acceptĂ©, particulièrement pendant les six premiers mois; une personne qui peut rĂ©pondre aux questions au sujet du fonctionnement quotidien du cabinet et de la façon de se mettre au diapason.
  • Ensuite, un « partenaire d’intĂ©gration », quelqu’un hors du groupe qui aidera le nouvel employĂ© sur le plan des relations sociales. Cela peut ĂŞtre quelqu’un qui connaĂ®t le cabinet mais est extĂ©rieur au groupe du nouveau venu et peut offrir des conseils ou suggestions utiles sur des points tels que la manière de traiter avec un associĂ© « difficile ». Il s’agit plus d’un rĂ´le de mentor, dit M. Smith. « Quelqu’un qui peut lui donner un avis d’un point de vue panoramique sur le cabinet et pas juste sur le groupe de travail oĂą il va passer 90 % de son temps. »
  • La troisième mesure est d’encourager le nouveau venu Ă  trouver quelqu’un hors du cabinet qui peut lui fournir un contexte ou des conseils et dont le seul objectif est de le voir rĂ©ussir. « Un bon cabinet reconnaĂ®t que cela peut ĂŞtre utile. C’est un peu comme un audit indĂ©pendant du processus d’intĂ©gration. »

Les dirigeants de cabinets qui souhaitent vraiment une intĂ©gration rĂ©ussie devraient constamment rechercher des commentaires. « Qui sont les cinq dernières personnes dans votre cabinet qui n’y ont pas fait leurs premières armes, mais s’y trouvent aujourd’hui et y poursuivent une carrière florissante? », demande M. Smith. « Cela vous donnera une très bonne idĂ©e de la provenance probable des cinq prochaines. » Elles peuvent sembler ne rien avoir en commun, mais essayez de dĂ©terminer les raisons pour lesquelles elles sont venues et restĂ©es. Cela devrait vous donner de bonnes perspectives sur les endroits oĂą vous pourriez probablement trouver les collaborateurs qui s’Ă©panouiront au sein de votre cabinet.

La communication est l’une des clĂ©s de la rĂ©tention des meilleurs Ă©lĂ©ments. Si les dirigeants peuvent donner une image très claire de la future carrière interne d’une personne, cette dernière s’investira plus probablement dans le cabinet. En fin de compte, la plupart des juristes entrent dans un cabinet « parce qu’ils voient que le cabinet tente d’atteindre un objectif, qui est de devenir plus qu’ils ne sont », affirme Warren Smith. En tant que chasseur de tĂŞtes, il rencontre des gens qui pensent sĂ©rieusement Ă  changer d’emploi qui « sont très attirĂ©s par le fait qu’un cabinet tente des choses nouvelles ou qu’il est rĂ©cemment devenu une plateforme internationale et offre ainsi de belles opportunitĂ©s ». Ils recherchent une manière diffĂ©rente de collaborer avec les clients ou de concevoir la façon de travailler.

« Les gens veulent appartenir Ă  un tout qui les dĂ©passe », dit M. Smith. « Il incombe au cabinet d’avocats de crĂ©er une vision irrĂ©sistible et d’affirmer “ensemble, nous pourrions faire de tellement grandes choses” ».

« Sans cela, vous vous rĂ©sumez Ă  une collection de praticiens exerçant seuls sous le mĂŞme toit. »

Ann Macaulay rédige fréquemment des articles pour EnPratique.