RĂ©pondre aux demandes de proposition : comment gagner les concours pour les nouveaux mandats

  • 13 mai 2014
  • Janet Ellen Raasch

Pour obtenir les nouveaux mandats – et particulièrement les mandats de grande valeur, les cabinets juridiques sont de plus en plus souvent appelĂ©s Ă  lutter les uns contre les autres dans une sorte de « concours de beautĂ© » opposant deux ou trois cabinets juridiques qui souhaitent reprĂ©senter la cliente ou le client potentiel Ă  titre de conseiller ou de conseillère juridique externe.

Voici cinq moyens permettant aux avocats et aux cabinets juridiques d’amĂ©liorer leurs chances, lorsqu’ils rĂ©pondent Ă  une demande de proposition (DP), de remporter de nouveaux mandats de grande valeur.

1. Comprendre les buts et les défis du client potentiel

« Trop souvent, les propositions et les entrevues se rĂ©sument Ă  d’ennuyantes rĂ©citations des qualifications du cabinet », affirme Ann Lee Gibson, Ph. D., qui conseille les cabinets juridiques en matière de concours pour les nouveaux mandats, de prĂ©sentation de vente et de renseignement concurrentiel. « Il ne doit pas ĂŞtre question uniquement de vous, mais des objectifs et des dĂ©fis particuliers du client potentiel et de la façon dont votre bureau et votre Ă©quipe de service pourront l’aider Ă  atteindre ces objectifs et Ă  surmonter ces dĂ©fis ».

« C’est Ă  cause de la valeur de ce type de connaissance interne que les titulaires ont toujours un avantage Ă©norme – Ă  moins que le client ne soit vraiment mĂ©content ou déçu de leur travail pour un motif ou un autre. »

Lisez la DP attentivement. Que vous dit-elle sur les objectifs, les critères de sélection, les conditions, le langage, le style et la culture de la cliente ou du client potentiel?

« ComplĂ©tez ensuite ces renseignements en effectuant des recherches additionnelles sur le client potentiel et son industrie – une première recherche Ă  l’aide des ressources internes du bureau; une recherche secondaire, faisant appel Ă  des ressources externes comme les bases de donnĂ©es, les sites Web et les moteurs de recherche sur Internet; et des recherches humaines, en parlant avec des gens qui possèdent des connaissances particulières sur le client potentiel, sur son industrie et sur vos concurrents et concurrentes, » indique Mme Gibson.

Avant de prĂ©parer et de dĂ©poser une proposition, le chef d’Ă©quipe doit demander une entrevue avec le client potentiel afin de commencer Ă  Ă©tablir une relation et d’en apprendre davantage sur ses besoins et sur le mandat pour lequel il sollicite plus particulièrement des conseils externes.

« Les sociĂ©tĂ©s qui refuseront de vous rencontrer pour discuter d’une demande de proposition signifient probablement par lĂ  que le concours est faussĂ© – et que ce n’est pas la peine d’y investir votre temps et vos efforts, » dit-elle.

2. Proposez des solutions réelles

« Le client ou la cliente veut que votre proposition lui apprenne bien d’autres choses que vos qualifications, dit Mme Gibson.  Il ou elle veut savoir comment vous pouvez l’aider (1) Ă  tirer parti des occasions qui lui permettront d’atteindre ses objectifs et (2) Ă  surmonter les obstacles et les dĂ©fis qui se dressent entre lui et ses objectifs. »

« C’est un des domaines oĂą vous devrez donner quelque chose pour obtenir quelque chose en retour, c’est-Ă -dire donner des conseils ou un aperçu utiles pour obtenir le mandat, » dit Mme Gibson.

Une bonne proposition contiendra une stratĂ©gie juridique spĂ©cifique, un plan de dotation, un plan de service et une structure de prix – qui tous traiteront directement des buts et des dĂ©fis particuliers du client potentiel. Vous ne persuaderez personne et ne vendrez rien avec de vagues gĂ©nĂ©ralisations.

« La proposition qui est lue la première reste celle dont on se souvient le mieux, surtout dans le cas d’un concours auquel rĂ©pondent de nombreux soumissionnaires, dit Mme Gibson. Quelles propositions sont lues les premières? Lorsque nous avons posĂ© cette question Ă  des conseillers et conseillères juridiques internes, voici ce qu’ils et elles nous ont rĂ©pondu : ‘Les plus courtes et les plus belles’. Une proposition est un document de marketing; faites en sorte qu’elle en ait l’apparence et qu’elle se lise comme tel. »

3. Accent sur le résumé

Le résumé est la seule partie de la proposition dont vous pouvez être certain que le client potentiel va lire. Il devrait habituellement être long de deux ou trois pages.

« Cet actif important ne doit pas ĂŞtre gaspillĂ© sur la brillante histoire de votre cabinet et des hommes maintenant dĂ©cĂ©dĂ©s qui l’ont fondĂ©e, dit Mme Gibson. Il ne doit pas non plus porter sur vos qualifications. Il doit plutĂ´t s’agir d’un rĂ©sumĂ© bien Ă©crit des meilleurs arguments avancĂ©s dans les sections stratĂ©gie juridique, plan de dotation, plan de service et structure de prix. »

4. Traitez l’entrevue comme une conversation

En fin de compte, dans le concours pour un nouveau mandat de grande valeur, le processus de dĂ©cision revient souvent Ă  une question de « pressentiment », positif ou nĂ©gatif, envers les participants et participantes. C’est pendant l’entrevue que ce pressentiment Ă©mergera.

« Choisissez un chef d’Ă©quipe qui possède l’expertise appropriĂ©e, qui est disponible pour faire le travail et qui peut Ă©tablir un lien avec le client, dit Ann Lee Gibson. Le fait d’apparier et de reproduire la composition de l’Ă©quipe du client – selon l’âge, le sexe, la personnalitĂ© et mĂŞme la façon de se vĂŞtir et de se comporter – est très important. MĂŞme les conversations informelles prĂ©alables Ă  l’entrevue peuvent impressionner favorablement un client ou le dĂ©tourner de vous Ă  jamais. »

L’entrevue doit prendre la forme d’une conversation. « Il ne doit pas s’agir d’une dĂ©position par le client, explique Mme Gibson. Ni d’un monologue de la part de votre cabinet, mais d’un dialogue Ă  parts Ă©gales entre vos avocats et le client sur les enjeux du client – un dialogue qui dĂ©montre de façon claire et positive comment vous vous comporteriez en tant que conseiller juridique de confiance. »

Une entrevue rĂ©ussie aura Ă©tĂ© prĂ©cĂ©dĂ©e d’une rĂ©pĂ©tition, d’une critique et d’un peaufinage, avec les commentaires de quelqu’un qui connaĂ®t bien les rouages du processus de marketing.

5. Mettez en place un processus systématique de débreffage

« GagnĂ© ou perdu, il est essentiel de discuter avec le client potentiel aussitĂ´t que possible après la conclusion du concours afin de dĂ©couvrir ce qui a fait gagner le gagnant et perdre le perdant, explique Mme Gibson. Après une dĂ©faite dans un match important, une Ă©quipe de football professionnelle refuserait-elle de revoir les films du match et d’analyser ce qui s’est passĂ©? Bien sĂ»r que non. »

« Au fil du temps, un processus systĂ©matique de dĂ©breffage vous permettra de dĂ©terminer des modèles – les choses que vous faites bien et celles que vous devez amĂ©liorer, dit Mme Gibson. La pratique mène Ă  l’amĂ©lioration. La pratique avec rĂ©troaction vous permet de vous amĂ©liorer beaucoup plus rapidement. »

Le taux alĂ©atoire de succès d’un bureau d’avocat rĂ©pondant Ă  une demande de proposition parmi 20 autres cabinets est de cinq pour cent – un gagnant ou une gagnante et 19 perdants, perdantes.

« Après quelques annĂ©es d’efforts constants, avec de la rĂ©troaction et d’autres tactiques, mentionne Mme Gibson, les cabinets juridiques peuvent porter leur taux de succès entre 30 et 40 pour cent. Un cabinet que je connais bien est mĂŞme parvenu, au terme de sept annĂ©es d’efforts, Ă  un taux de rĂ©ussite de 85 pour cent dans ses rĂ©ponses Ă  des demandes de proposition. »

« La plupart des avocats trouvent très difficile de demander de la rĂ©troaction sur leur rĂ©sultat dans les concours pour les nouveaux mandats, surtout après avoir perdu, dit Mme Gibson. En fait, Ă  l’heure actuelle, la grande majoritĂ© des avocats et des cabinets ne profitent pas de cet outil très efficace de dĂ©veloppement des affaires. »

« Il existe une façon de rendre le dĂ©breffage plus facile, explique-t-elle. En premier lieu, lorsque vous acceptez une invitation Ă  un concours, demandez Ă  la cliente ou au client potentiel la permission d’effectuer un suivi, quelle que soit la dĂ©cision, une fois le processus terminĂ©. Expliquez-lui que cela vous serait très utile. Et donnez suite Ă  votre demande. »

Dans la plupart des cas, la personne qui a dirigĂ© l’Ă©quipe de prĂ©sentation ne devrait pas ĂŞtre celle qui est chargĂ©e de solliciter la rĂ©troaction. « Le dĂ©cideur voudra ĂŞtre poli envers le chef d’Ă©quipe », dit Mme Gibson.

« Dans la plupart des cas, ajoute Mme Gibson, les clients potentiels diront aux chefs d’Ă©quipe des soumissionnaires malheureux des choses comme : ‘Oh, vous savez, c’Ă©tait très très très serrĂ©. La dĂ©cision aurait pu aller d’un cĂ´tĂ© comme de l’autre. Nous avons contournĂ© le problème en faisant appel au plus bas soumissionnaire’. Un tel commentaire ne reflète probablement pas toute la vĂ©ritĂ© et ne constitue pas la rĂ©troaction la plus utile. »

Faites appel Ă  un autre associĂ©, associĂ©e, au directeur ou Ă  la directrice du marketing ou Ă  un conseiller ou une conseillère externe pour recueillir les commentaires. « Posez les mĂŞmes questions Ă  propos de ceux et celles qui ont obtenu le mandat et de ceux et celles qui ne l’ont pas obtenu, dit Mme Gibson. Les questions doivent porter sur les documents Ă©crits prĂ©sentĂ©s, l’Ă©quipe chargĂ©e de la prĂ©sentation, la stratĂ©gie proposĂ©e et le processus d’entrevue lui-mĂŞme. » L’Ă©quipe chargĂ©e de la prĂ©sentation devrait elle aussi faire l’objet d’un dĂ©breffage le plus tĂ´t possible après l’entrevue.

N’utilisez pas la rencontre de rĂ©troaction comme une occasion de prĂ©senter de nouveau les services de votre cabinet. Demandez pourquoi le gagnant ou la gagnante a obtenu le mandat. Si vous n’ĂŞtes pas le gagnant, demandez sous quels aspects vous pouvez vous amĂ©liorer afin d’arriver Ă  un meilleur rĂ©sultat la prochaine fois.

« Vous serez souvent surpris de constater que le dĂ©cideur a mis de cĂ´tĂ© la plus grande partie de l’information factuelle qu’il vous avait demandĂ© de fournir et s’est fiĂ© Ă  son « pressentiment » que tel ou tel concurrent constituait le meilleur choix, dit Mme Gibson. Ce phĂ©nomène devient de plus en plus frĂ©quent Ă  mesure que la valeur, le risque et le degrĂ© d’exposition de l’engagement potentiel augmentent. »

En appliquant l’une ou l’ensemble des techniques mentionnĂ©es ci-dessus, votre cabinet pourra se donner une longueur d’avance sur ses concurrents, concurrentes, au moment de rĂ©pondre Ă  une demande de proposition et de concourir pour de nouveaux mandats.