L’ébauche de réglementation sur le sociofinancement rate quelques cibles

  • 28 janvier 2020

Depuis sa première utilisation en 2006, le terme « sociofinancement » (en anglais, crowdfunding,) est entrĂ© dans l’usage. Ce concept refait surface en pĂ©riode de crise ou après une tragĂ©die, mais aussi pendant la planification d’un mariage ou lorsqu’une personne a besoin d’une somme considĂ©rable pour une bonne cause.

Cette expression et l’activitĂ© qu’elle dĂ©signe ont pris de l’importance dans la culture, mais le système rĂ©glementaire n’a pas rĂ©ussi Ă  les suivre. VoilĂ  pourquoi la ConfĂ©rence pour l’harmonisation des lois au Canada procède Ă  des consultations sur son Ă©bauche de loi intitulĂ©e Loi uniforme sur les appels informels aux dons du public et le sociofinancement (la LUAIDPS).

La rĂ©ponse (en anglais seulement) de la Section du droit des organismes de bienfaisance et Ă  but non lucratif de l’ABC Ă  cette Ă©bauche souligne le fait qu’elle apporte peu de changement Ă  la version de 2011 de la Loi uniforme sur les appels informels aux dons du public (la LUAIDP), mais que ces changements sont importants et ne sont pas nĂ©cessairement positifs.

Par exemple, puisque la question des donataires admissibles est dĂ©jĂ  fortement rĂ©glementĂ©e en vertu de la Loi de l’impĂ´t sur le revenu, elle n’est pas abordĂ©e dans la version de 2011 de la LUAIDP. L’Ă©bauche de loi ferait en sorte que cette dispense s’applique Ă  des intermĂ©diaires qui ne sont pas assujettis aux mĂŞmes niveaux de rĂ©glementation. Une plateforme sur Internet facilitant l’organisation d’un appel au public s’inscrirait dans la dĂ©finition d’intermĂ©diaire.

[TRADUCTION] « Selon notre expĂ©rience dans la prestation de conseils Ă  des donataires admissibles, les plateformes de sociofinancement peuvent ĂŞtre utilisĂ©es par des tierces parties afin d’amasser des sommes pour le compte d’un donataire admissible sans le consentement de ce dernier », mentionne la Section. « Ainsi, un intermĂ©diaire peut amasser des fonds au nom d’un donataire admissible, en se servant de son nom et de sa marque, recevoir des dons et en garder un pourcentage sans obtenir sa permission. »

De plus, la Section ajoute que bon nombre de sites de sociofinancement s’intĂ©ressent davantage au forage de donnĂ©es qu’aux activitĂ©s de collecte de dons et de remise des fonds amassĂ©s. [TRADUCTION] « Bien que la LUAIDP ne traite pas actuellement des questions de vie privĂ©e dans les appels informels au public, ces questions doivent ĂŞtre Ă©tudiĂ©es parce que le forage non rĂ©glementĂ© de donnĂ©es sur les donateurs constitue une question grave et importante dans les appels au sociofinancement. »

La Section recommande que les intermĂ©diaires soient dispensĂ©s uniquement si leurs conditions d’utilisation exigent explicitement que les organisateurs d’un appel aient conclu une entente directe avec le donataire admissible, que les donateurs aient le droit de demander la suppression de leurs renseignements personnels et que, si une plateforme sur Internet organise elle-mĂŞme les appels au public, elle ne soit plus dispensĂ©e de la lĂ©gislation.

La Section remarque que le paragraphe 4 (2) modifiĂ© de la LUAIDPS ferait en sorte que la loi offre aux plateformes sur Internet et aux intermĂ©diaires similaires la mĂŞme protection qu’une banque, malgrĂ© le fait qu’ils ne soient pas assujettis au mĂŞme degrĂ© de rĂ©glementation pour les opĂ©rations financières. [TRADUCTION] « Les raisons pour lesquelles la LUAIDPS n’imposerait pas des obligations aux entitĂ©s de sociofinancement qui ne sont pas assujetties Ă  d’autres règlements dans le cadre de leurs activitĂ©s ne sont pas claires », affirme la Section. « Nous suggĂ©rons que cet aspect de la loi proposĂ© soit revu et que les intermĂ©diaires de sociofinancement qui ne sont pas des institutions financières rĂ©glementĂ©es ne soient pas dispensĂ©s d’une relation fiduciaire. »