Une question de santé : commentaires de l’ABC sur l’étude de la santé des LGBTQI2S

  • 27 mai 2019

Les humains aiment généraliser (comme nous le prouvons en y allant de cette affirmation).

Dans les médias, les généralisations sur les problèmes de santé ont tendance à se concentrer sur les décès, au point où notre perception de tout groupe donné est altérée par ce qui est le plus susceptible d’emporter les gens qui le constitue dans la mort – comme le cancer du poumon ou les crises cardiaques – à l’exclusion d’autres pathologies qui peuvent être moins mortelles de façon immédiate.

Les rapports des médias sur les problèmes de santé qui touchent la communauté des LGBTQI2S concentrent l’attention du public sur les maladies transmissibles sexuellement, en particulier sur le VIH/SIDA, ou sur les conséquences psychologiques de l’intimidation. Toutefois, comme le démontre un mémoire qu’a récemment envoyé l’ABC au Comité permanent de la santé de la Chambre des communes, cela ne représente même pas la moitié de ces problèmes.

La Section sur l’orientation et l’identité sexuelles et la Section du droit de la santé ont écrit au comité, qui étudie la santé des LGBTQI2S, afin d’énumérer divers domaines de préoccupation, y compris la thérapie de conversion, les traitements médicamenteux et les chirurgies intersexuelles, de même que les dons de sang et la santé des personnes trans.

La thérapie de conversion, considérée comme un enjeu provincial ou territorial, est ainsi abordée à travers un éventail de mesures législatives, en dépit de la récente position qu’a adoptée le gouvernement fédéral selon laquelle ces thérapies « sont immorales, douloureuses et ne reflètent pas les valeurs de notre gouvernement ni celles des Canadiens ».

Les sections soulignent que les interdictions existantes par rapport aux thérapies de conversion s’appliquent uniquement aux mineurs, et non aux adultes frappés d’incapacité ou autrement vulnérables. Elles recommandent d’élargir l’interdiction pour y inclure les adultes vulnérables et le déplacement à l’étranger à cette fin.

« Les infractions d’enlèvement, de séquestration et de voies de fait figurant actuellement au Code criminel ne permettent pas de faire échec aux thérapies de conversion », déclarent les sections. « Il n’y a donc d’autre choix que d’édicter une sanction pénale sur mesure pour les thérapies de conversion de sorte à les dénoncer clairement, à souligner comme il se doit leur caractère moralement répréhensible et à fortement dissuader quiconque d’y recourir ».

Les sections recommandent également que le gouvernement supprime tous les avantages fiscaux dont bénéficient les organisations qui fournissent de telles thérapies.

Les traitements médicamenteux – en particulier la prophylaxie préexposition, ou les traitements PrEP – ont mené à une baisse du nombre de nouvelles infections au VIH, mais les médicaments sont onéreux et ne sont pas systématiquement couverts par divers régimes de soins médicaux de partout au pays. Prenant note des plans du gouvernement fédéral relativement à un programme national d’assurance-médicaments, les sections recommandent que l’Agence canadienne des médicaments procède à un examen des traitements PrEP afin de les inclure dans le formulaire.

La plupart des Canadiens et des Canadiennes seraient surpris d’apprendre que près de 1,7 pour cent de la population nait avec des différences en matière de développement sexuel, car ils ont des organes génitaux ambigus, ce qui est aussi appelé variation intersexuelle. Dans ces cas, les enfants se voient habituellement attribuer un sexe et sont modifiés par voie chirurgicale pour se conformer à ce sexe grâce à ce qu’on appelle une chirurgie de « normalisation ».

Les sections font valoir que de plus en plus de professionnels de la santé, d’associations médicales et de pays se prononcent contre les chirurgies de normalisation médicalement inutiles pratiquées sur des nourrissons et enfants intersexués.

 « Ce que nous proposons n’est pas d’interdire ces chirurgies du tout au tout », affirment les sections, « mais bien de modifier le Code criminel pour que soit reportée toute chirurgie dite de “normalisation” génitale jusqu’à ce que l’enfant puisse valablement y consentir sauf si, la situation posant un risque immédiat pour sa santé, l’intervention doit avoir lieu immédiatement. »

En ce qui concerne les personnes transgenres du Canada, les sections font remarquer que ce groupe est exposé à un risque plus élevé de stress, de dépression, de suicide et de maladies transmissibles sexuellement, mais que plus de la moitié déclarent vivre des situations négatives dans les services d’urgence, alors que le tiers fait état d’interactions négatives avec leur médecin. Les listes d’attente pour les interventions chirurgicales posent également problème, car il manque de médecins formés en chirurgie d’affirmation de genre.

Les sections recommandent au gouvernement fédéral, de concert avec les provinces et territoires, de sensibiliser et de former davantage les fournisseurs de soins de santé aux personnes trans, ainsi que d’appuyer financièrement la formation sur les chirurgies d’affirmation de genre.