Sécurité du public assurée : traiter les contrevenants atteints de troubles mentaux

  • 05 juin 2013

OTTAWA — L’Association du Barreau canadien (ABC) appelle le gouvernement fĂ©dĂ©ral Ă  ne pas adopter le projet de loi C-54, Loi sur la rĂ©forme de la non-responsabilitĂ© criminelle, car les modifications que celui-ci propose visent Ă  rĂ©gler un problème qui est dĂ©jĂ  bien gĂ©rĂ©.

L’ABC s’appuie sur la recherche scientifique, laquelle ne conclut pas pour l’instant Ă  la nĂ©cessitĂ© de modifier l’approche actuelle en la matière. Les recherches indiquent que la sĂ©curitĂ© du public est dĂ©jĂ  au centre des prĂ©occupations des commissions d’examen lorsqu’elles Ă©valuent un dossier, et les personnes dĂ©clarĂ©es non responsables criminellement (NRC) dĂ©tenues Ă  l’hĂ´pital tendent Ă  ĂŞtre retenues plus longtemps que celles qui ont Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©es coupables et envoyĂ©es en prison.

Le projet de loi C-54 concerne les accusĂ©s dĂ©clarĂ©s NRC pour cause de troubles mentaux. Il ferait de la sĂ©curitĂ© publique le critère dĂ©cisionnel prĂ©pondĂ©rant, et supprimerait l’obligation de traiter les personnes NRC de la manière la moins sĂ©vère et la moins privative de libertĂ© possible dans les circonstances. Il assujettirait les accusĂ©s NRC « Ă  haut risque » Ă  une forme plus sĂ©vère de dĂ©tention après leur procès, et verrait Ă  ce que les victimes soient prĂ©venues lorsque l’accusĂ© est mis en libertĂ©.

Dans son mĂ©moire de 14 pages, l’ABC insiste sur la nĂ©cessitĂ© d’un Ă©quilibre dans le traitement des personnes NRC. « Il y a un Ă©quilibre dĂ©licat qu’il faut maintenir entre la sĂ©curitĂ© du public et la libertĂ© individuelle lorsqu’il s’agit de dĂ©cider de la meilleure façon de traiter un accusĂ© ayant fait l’objet d’un verdict de non-responsabilitĂ© criminelle pour cause de troubles mentaux », affirme David C. Parry, de la Section nationale du droit pĂ©nal de l’ABC. « Et d’importants Ă©lĂ©ments du projet de loi C-54 menacent cet Ă©quilibre vital. »

L’ABC fait remarquer, en accord avec la jurisprudence, que la thĂ©rapie et la rĂ©insertion sociale sont les meilleurs moyens de concrĂ©tiser ces deux objectifs de la sĂ©curitĂ© du public et de la libertĂ© individuelle. Or, le projet de loi C-54 empĂŞche la rĂ©insertion des accusĂ©s NRC dans la communautĂ©, en particulier les accusĂ©s considĂ©rĂ©s comme « Ă  haut risque ».

« Le projet de loi C-54 transmet le message qu’un accusĂ© NRC qui commet des infractions graves ne peut pas ĂŞtre traitĂ© efficacement et devrait bĂ©nĂ©ficier d’un nombre rĂ©duit de protections procĂ©durales. Il envoie le message que l’intĂ©rĂŞt de la sociĂ©tĂ© dans le traitement et la rĂ©insertion des dĂ©linquants souffrant de troubles mentaux importe moins que les besoins des victimes », dĂ©clare le mĂ©moire de l’ABC.

L’ABC Ă©met six recommandations, dont une qui approuve les nouvelles exigences d’avis aux victimes. En vertu du projet de loi C-54, les victimes qui en font la demande seront avisĂ©es de la mise en libĂ©ration conditionnelle ou inconditionnelle de l’accusĂ© NRC. Cette modification « pallie une lacune du rĂ©gime lĂ©gislatif », souligne le mĂ©moire de l’ABC.

Les autres recommandations exhortent le gouvernement Ă  Ă©liminer certains Ă©lĂ©ments du projet de loi, notamment le rĂ©gime des accusĂ©s Ă  haut risque. L’ABC rappelle que l’objectif de la loi devrait ĂŞtre la rĂ©insertion, et non le châtiment d’actes commis par une personne atteinte de troubles mentaux.

M. Parry comparaĂ®tra devant le ComitĂ© permanent de la justice et des droits de la personne Ă  16 h 30 le 5 juin 2013, dans la salle 237-C de l’Ă©difice du Centre. Le mĂ©moire de l’ABC  peut ĂŞtre consultĂ© en ligne.

L’Association du Barreau canadien se voue Ă  la primautĂ© du droit et Ă  l’amĂ©lioration du droit et de l’administration de la justice. Elle compte 37 000 juristes, professeurs de droit et Ă©tudiants en droit de toutes les rĂ©gions du Canada.

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