Notre parcours dans le Programme international des jeunes juristes

  • 09 mars 2020

Par Kate Dewey et Kevin Chao

Grâce au Programme international des jeunes juristes (PIJJ), nous avons abouti dans les CaraĂŻbes en empruntant des chemins très diffĂ©rents. Kate avait entendu parler du PIJJ avant de commencer ses Ă©tudes Ă  la facultĂ© de droit et elle savait qu’elle prĂ©senterait un jour sa candidature, alors que Kevin a appris l’existence du programme Ă  peine quatre mois avant la sĂ©ance d’orientation d’Ottawa. Nous avions aussi des antĂ©cĂ©dents personnels et professionnels très distincts lors de notre entrĂ©e dans le programme. MalgrĂ© tout, après avoir fait sa connaissance brièvement au cours de la sĂ©ance d’orientation de trois jours, nous avons dĂ©cidĂ© de chercher un appartement avec Devon Black, une autre stagiaire du PIJJ. Pour trois personnes qui ne se connaissent pas il y a six mois, nous avons partagĂ© une tranche tout Ă  fait unique de nos vies ici, en Guyana.

Nous en sommes au dernier mois de notre stage du PIJJ Ă  la Clinique d’aide juridique de Guyana. Nous nous rendons compte que c’est avec tristesse que nous dirons au revoir aux gens que nous avons rencontrĂ©s en cours de route, que nous mettrons un terme au travail dans lequel nous avons investi beaucoup de temps et d’efforts, et que nous laisserons derrière nous la vie que nous avons eue ici. Après cinq mois, nous pouvons affirmer en toute confiance que le PIJJ a non seulement profitĂ© Ă  notre organisation d’accueil, mais que nous avons vĂ©cu une expĂ©rience incroyable en tant que jeunes juristes.

Le travail que nous rĂ©alisons ressemble Ă  celui que nous effectuons dans des cliniques d’aide juridique partout au Canada. Bien que le système judiciaire, les coutumes et les procĂ©dures puissent diffĂ©rer de ce Ă  quoi nous sommes habituĂ©s au Canada, les dĂ©fis auxquels les clients sont confrontĂ©s sont les mĂŞmes : abus, stigmatisation, manque d’information juridique et obstacles Ă  l’accès Ă  la justice. Ă€ l’instar de la plupart des cliniques, la Clinique d’aide juridique de Guyana a trop peu de juristes et trop de clients. Deux juristes de plus qui fournissent des services juridiques peuvent donc rĂ©duire grandement la charge de travail. Nous avons Ă©tĂ© en mesure d’interroger et de gĂ©rer des clients, de rĂ©diger des Ă©bauches de documents judiciaires, et de rĂ©duire le fardeau des juristes et des employĂ©s de la clinique. Les dossiers peuvent ĂŞtre traitĂ©s plus rapidement, et de plus en plus de clients peuvent accĂ©der au système de justice.

Comme nous avons rĂ©cemment Ă©tĂ© admis au barreau de nos provinces d’origine, c’est sans surprise que notre sĂ©jour Ă  la clinique se rĂ©vèle une expĂ©rience d’apprentissage inestimable. L’exposition Ă  un nouveau territoire de compĂ©tence et Ă  la pratique du droit par le biais d’interactions avec des juristes, des juges et des populations vulnĂ©rables nous a donnĂ© de tout nouveaux points de vue.

Nous sommes également confrontés tous les jours à de nouveaux défis juridiques. Nous avons apporté notre aide dans des affaires de droit pénal, de droit de la famille et de droit civil. Nous avons discuté avec des personnes qui font face à leurs agresseurs et avec des personnes accusées de graves infractions criminelles. Nous avons fourni des services à des aînés et à des enfants qui se retrouvent dans des situations juridiques complexes.

Il serait inconsĂ©quent de notre part de ne pas reconnaĂ®tre que certains de ces dĂ©fis ont Ă©tĂ© plus difficiles que d’autres et que nous sommes sortis de notre zone de confort Ă  plusieurs reprises en cours de route. Chaque fois que cela s’est produit, nous avons appris Ă  nous adapter, Ă  faire preuve de rĂ©silience en tant que juristes et, en fin de compte, Ă  mieux dĂ©fendre nos clients. Ainsi, nos expĂ©riences nous ont permis d’Ă©voluer aussi bien sur le plan personnel que professionnel. Nous retournerons sans aucun doute Ă  la maison avec une meilleure comprĂ©hension du droit et une expĂ©rience juridique pertinente.

Notre apprentissage n’est pas seulement le fruit de notre travail; une bonne partie dĂ©coule de ce que nous avons vĂ©cu personnellement avec nos collègues et avec les amis que nous nous sommes faits ici. Grâce Ă  son mĂ©lange culturel des CaraĂŻbes et de l’AmĂ©rique du Sud, la Guyana nous a permis d’adopter un mode de vie que nous mĂ©connaissions complètement. Maintenant que nous travaillons dans une autre partie du monde, nous ne pouvons imaginer avoir choisi autre chose pour lancer notre carrière juridique.

Il va sans dire que nous recommandons vivement le PIJJ. Bien qu’il puisse ĂŞtre intimidant de passer six mois dans un environnement de travail dans l’hĂ©misphère sud, l’expĂ©rience que nous avons vĂ©cue a Ă©tĂ© sans Ă©gal et notre parcours a Ă©tĂ© ponctuĂ© d’histoires amusantes. Nous nous attendons Ă  revenir au Canada comme des juristes plus chevronnĂ©s, des citoyens du monde plus conscients, et des Canadiens plus bronzĂ©s que jamais.

Les candidatures pour le Programme international des jeunes juristes sont maintenant acceptées. La date limite pour postuler est le 30 avril.


Kate Dewey a grandi aux Ă®les de la Madeleine et Ă  l’ĂŽle-du-Prince-Édouard. Elle a obtenu son diplĂ´me en droit de la Schulich School of Law de l’UniversitĂ© Dalhousie en 2018. Après avoir terminĂ© son stage Ă  la municipalitĂ© rĂ©gionale de Halifax, elle a Ă©tĂ© admise au Barreau de la Nouvelle-Écosse en juin 2019, puis s’est jointe Ă  l’Ă©quipe des services juridiques et contentieux de la municipalitĂ© en tant qu’avocate. L’expĂ©rience bĂ©nĂ©vole de Kate s’est principalement articulĂ©e autour d’initiatives de rĂ©duction des mĂ©faits pour les personnes qui consomment des drogues Ă  Halifax.

Kevin Chao a grandi Ă  Markham et a frĂ©quentĂ© la facultĂ© de droit de l’UniversitĂ© de la Colombie-Britannique. Pendant ses Ă©tudes en droit et son stage, Kevin a travaillĂ© dans deux cliniques d’aide juridique : le Centre juridique de Rise Women’s de Vancouver, et Luke’s Place, Ă  Oshawa, oĂą il a aidĂ© des femmes Ă  faible revenu et des femmes maltraitĂ©es dans des affaires liĂ©es au droit de la famille. Kevin a Ă©tĂ© admis au Barreau de l’Ontario en juin 2019 et il commencera Ă  travailler en mai Ă  titre d’avocat salariĂ© chez Nussbaum Family Law, Ă  Toronto.